Grondines entre 1880 et 1910 (Second billet de deux)
Dans ma grande chronologie de 840 pages de la presse québécoise entre 1880 et 1910, nous poursuivons la quête des mentions de Grondines à partir du mois d’avril. Hier, on retrouvait les trois premiers mois de l’année. Filons.
«Le capitaine Labranche, de Montréal, arrivé aujourd’hui de Portneuf, rapporte que le fleuve est libre de glace depuis Montréal jusqu’aux Grondines. De ce dernier endroit à Portneuf, la glace a refoulé et s’élève au-dessus du niveau de l’eau, formant de véritables montagnes et bloquant complètement le chenal. De Portneuf à Québec, la glace est très solide. On espérait qu’elle partirait durant les présentes grandes mers, mais la chose paraît maintenant impossible. Le fleuve ne sera probablement pas libre avant le 20 ou 25 du mois courant.» La Patrie (Montréal), 4 avril 1898.
«C’est la première fois que la débâcle se fait aussi paisiblement à la Basse-Ville [de Québec]; il n’y a pas eu d’inondation. Les bateaux passeurs, le Queen et le Pilot, étaient hier matin à leur poste et faisaient le trajet entre les deux rives comme en été. La navigation est donc définitivement ouverte. La petite flotte qui a hiverné dans le Bassin Louise se mettra à la besogne cette semaine. Le fleuve est couvert de glace, mais les bateaux passeurs font le service comme si rien en était. C’est la glace des Grondines, Batiscan, etc., qui descend. La glace du lac St-Pierre, qui est la dernière à passer, n’a pas encore fait son apparition. L’on est d’avis qu’elle passera aujourd’hui devant notre ville. Les bateaux actuellement dans le Bassin Louise attendent le passage de cette glace pour sortir de leur prison. M. Gregory disait ce matin que toutes les bouées étaient prêtes et qu’il attendait le passage de la glace du lac St-Pierre pour aller les poser. Les steamers Druid et Aberdeen transportent les bouées dans le bas du fleuve. M. Gregory est d’avis que des transatlantiques seront dans notre port avant dix jours, car les armateurs de Montréal et de cette ville vont télégraphier en Angleterre que le St-Laurent est libre de glace.» La Patrie (Montréal), 12 avril 1898.
«Une dépêche reçue ce midi annonce que la glace du lac St-Pierre s’est détachée et descend au fil de l’eau. Les bateaux traversiers ont reçu l’ordre de se tenir sur leur garde. On peut s’attendre à l’ouverture de la navigation dans une couple de jours. La glace des Grondines est aussi en mouvement.» Le Quotidien (Lévis), 15 avril 1895.
«Il est passé une quantité de glace considérable lundi avant midi. Hier, la glace depuis Batiscan jusqu’aux Grondines s’est mise en marche. On craint fort qu’elle ne s’entasse dans le Richelieu [on parle ici sans doute des rapides Richelieu devant Deschambault] et nous procurer une inondation épouvantable. La glace du lac St-Pierre passe à pleine rivière [les populations de la région de Trois-Rivières parlent souvent du fleuve comme de la rivière] ce matin.» Le Trifluvien (Trois-Rivières) 16 avril 1890.
«Nos rives sont encore bonne, ce qui permet aux traversiers de la malle [le courrier] entre Lotbinière et Lachevrotière de traverser rapidement. Cependant l’eau étant haute, au prochain doux temps elles partiront.» La Patrie (Montréal), 16 avril 1908.
«Une dépêche de Grondines nous annonce que la glace du lac St-Pierre est toute descendue, et que le fleuve est maintenant libre. Aujourd’hui à midi, la glace descend en grande quantité. Le fleuve devant la ville [de Québec] est presque littéralement bouché.» Le Canadien (Québec), 25 avril 1881.
«De l’esturgeon. Chose assez rare, paraît-il, c’est la pêche à l’esturgeon qui se fait depuis quelque temps au quai de la Douane à Québec et où des prises considérables ont lieu. On dit que certains de ces poissons mesurent jusqu’à trois pieds de longueur et qu’un gamin dans quelques heures en a pris à lui seul trois beaux spécimens. Jusqu’à ces derniers temps, l’esturgeon ne s’était capturé que sur les battures comme par exemple devant les Grondines ou autres paroisses du côté nord du fleuve mais jamais encore des quais de Québec on avait fait la pêche à l’esturgeon, croyons-nous. Notre ami [André-Napoléon] Montpetit, qui s’y entend bien en fait de poissons d’eau douce — quoiqu’en pense le directeur de la Vérité — pourrait peut-être expliquer la provenance de ce bel habitant des eaux en plein havre de Québec.» Le Quotidien (Lévis), 12 mai 1898.
«Un éboulis considérable s’est produit à St-Thuribe, à huit milles en arrière des Grondines, sur la rivière Blanche, vendredi matin. Plusieurs maisons ont été détruites et on signale de nombreuses pertes de vie. La petite fille de M. Joseph Douville, âgée de cinq ans, dont la maison a été détruite, est engloutie sous les débris. Trois maisons, nombre de granges et un pont ont été entraînés dans l’éboulis considérable de terre. L’eau monte actuellement et plusieurs maisons sont en danger d’être entraînées. La population est surexcitée et fuit vers des endroits plus sûrs.» Le Courrier de Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), le 13 mai 1898.
Voilà. Les mentions au sujet de Grondines s’arrêtent ici. Étonnamment, un 13 mai.
L’illustration du moulin banal de Grondines par Léonce Cuvelier vers 1944 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds Léonce-É. Cuvelier, cote : P551, D5, P11.