Les 10 janvier colorés le long du Saint-Laurent, 1885-1905
À Québec d’abord. Hier la matinée, le temps a été très doux et le ciel gris. Tout indiquait de la pluie et, en effet, à deux heures de l’après-midi, elle a commencé à tomber mêlée de grêle et de neige. Le Canadien (Quebec), 10 janvier 1885.
Quatre ans plus tard, à Québec toujours. Qui l’aurait cru ? Malgré une pluie battante, le Patinoir était encombré hier soir de spectateurs, de patineurs et de patineuses. Aussi la scène était-elle des plus attrayantes. Les costumes des patineurs étaient charmants et produisaient un coup d’œil superbe par leur variété et par leurs riches couleurs. La musique des Hussards a bien jouée. En somme, agréable soirée. Le Canadien (Québec), 10 janvier 1889.
À l’Isle-aux-Coudres. Ces jours derniers, plusieurs jeunes gens ont donné la chasse à un énorme poisson, qui mesurait pas moins de 40 pieds, d’après leurs récits. La Tribune (Saint-Hyacinthe), 10 janvier 1890.
Au Sault Saint-Louis. Un sauvage du Sault Saint-Louis, Mikadasit-sak, dit qu’il a observé l’automne dernier que les chaussées des castors n’étaient pas aussi enfoncées dans l’eau que les années précédentes. Leur poil n’est pas aussi fourni que de coutume. Cela fait présager un hiver doux et court. La Tribune (Saint-Hyacinthe), 10 janvier 1890.
À Lévis. Un cultivateur de la Beauce est arrivé à Lévis ce matin avec deux ours qu’il a été assez heureux de tuer. Il devait traverser à Québec pour y vendre la dépouille de maître Martin. Le Quotidien (Lévis) 10 janvier 1895.
Toujours à Lévis. Pour le carnaval. Raquettes, patin, glissage, hockey, ces amusements sont très en vogue à Lévis. Les amateurs s’en donnent à cœur joie. Le Quotidien (Lévis), 10 janvier 1895.
De l’Île d’Orléans à Québec. Les cultivateurs de l’Ile d’Orléans sont aujourd’hui dans la jubilation. Depuis six semaines, ils sont pratiquement isolés du reste du monde. Aussitôt que le bateau de la compagnie maritime et industrielle de Lévis cesse le service, les cultivateurs de l’île n’ont d’autres moyens de communiquer avec la ville que par le canot du postillon. Et il faut avoir fait ce voyage pour savoir combien il présente de difficultés et que de misères il faut endurer avant d’atteindre l’autre rive. Quelquefois, pris dans les glaces amoncelées, le canot est entraîné bien loin de la rive et alors c’est une lutte d’un nouveau genre qu’il faut entreprendre, la lutte avec les glaçons qui se pressent, s’entrechoquent menaçant de broyer l’embarcation. Il faut alors traîner le canot sur les glaces, dans l’eau glacée jusqu’à la ceinture. Hier, un pont de glace solide s’est formé et les cultivateurs vont pouvoir traverser dans quelques jours en voiture par le chemin balisé et nous apporter le produit de leurs boucheries et l’odorant fromage raffiné. Les citadins ne sont pas fâchés non plus de voir que nous avons enfin un pont. Ils vont pouvoir aller souhaiter la bonne année à leur famille et ceux qui le peuvent pourront aller déguster un verre de vin chez Fraser [au Château Bel-Air, à Sainte-Pétronille] par les beaux après-midi. » Le Soleil (Québec), 10 janvier 1900.
À Trois-Rivières. On vante souvent le pays où il est possible de faire deux récoltes. Le Canada est du nombre. En ce moment, on voit circuler sans cesse dans nos rues des traîneaux chargés d’énormes blocs de glace. Cela vaudra de l’argent au printemps. Le Trifluvien (Trois-Rivières), 10 janvier 1902.
À Trois-Rivières également. Une autre récolte qui nous paraît assez abondante : celle de la petite morue. Il y en a des tas énormes au marché. Malheureusement, la pêche ne dure pas longtemps. Le Trifluvien (Trois-Rivières), 10 janvier 1902.
À Cap-Rouge. Le pont de glace est solide au Cap-Rouge, depuis deux jours. Le «Montcalm» travaille en ce moment à le briser, mais n’a pas encore réussi. La compagnie des bateaux passeurs [entre Québec et Lévis] menace d’intenter une poursuite parce que l’accumulation des glaces est telle sur le fleuve quand un pont de glace ne se forme pas au Cap Rouge qu’il lui est impossible de faire le service auquel elle est tenu. La Patrie (Montréal), 10 janvier 1905.
À Cap-Rouge, plus tard dans la journée. Le brise-glace du gouvernement, le «Montcalm», n’a pu réussir à empêcher le pont de glace de se former au Cap Rouge. Il a dû retourner à Québec, et se consacrer à une plus facile besogne. Le pont est pris solidement pour le reste de l’hiver. Les cités de Québec et de Lévis ne sont pas fâchées, car, en tenant le chenal libre au Cap Rouge, on couvrait le fleuve de glace entre les deux villes, ce qui rendait la circulation des traversiers difficiles. Ces derniers pourront désormais donner un service régulier, comme les hivers passés. La Patrie (Montréal), 10 janvier 1905.
À Montréal, on se relève d’une tempête. Le travail de déblaiement de nos rues avance rapidement. Hier après-midi, le département des chemins a cru devoir se dispenser de 200 hommes. Il en reste environ 600. Ce sont les charretiers surtout qui font défaut dans le moment. On en a actuellement 700, et il en faudrait davantage, mais on a toutes les peines du monde à en trouver. Avis à ceux qui ont des voitures. La Patrie (Montréal), 10 janvier 1905.
À Québec. Ces jours-ci, les bateaux passeurs, le «Pilot» et le «Polaris», ont eu beaucoup de difficultés à se frayer un chemin à travers les glaces qui encombrent le fleuve. Cependant, nous devons dire qu’ils ont vaillamment manœuvré. La Patrie (Montréal), 10 janvier 1905.