Qu’est-il arrivé de ce chaland ?
À nouveau une histoire de tempête sur le lac Saint-Pierre.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, il a fait la plus forte tempête de la saison.
La pluie tombait par torrents et il faisait un fort vent du Nord-Est. Aussi le fleuve était courroucé et ses flots déferlaient avec fracas sur le rivage.
Lorsque le Montréal est remonté de Québec, à l’entrée du lac, le pilote aperçut un chaland qui s’en allait à la dérive. Ce chaland, la propriété de M. W. Charland, était démâté et ceux qui le montaient ne pouvaient le conduire. Alors le capitaine du Montréal vit qu’il y avait danger pour ces derniers et voulut les prendre à son bord.
Non, dirent-ils; mais lancez-nous une amarre et tâchez de nous remorquer jusqu’aux îles [les îles en amont du lac Saint-Pierre lui-même] si vous pouvez.
Après bien des efforts, on réussit à attacher le câble et tout allait bien quand, presqu’en face de la Rivière du Loup, le guindeau se brisa et les deux bateaux furent séparés.
Aussitôt les amarres brisées, le vent porta le chaland au nord en dehors du chenal et, comme il n’y avait pas assez de fond pour aller de nouveau à son secours, le capitaine Roy dût continuer sa route.
Pendant longtemps, on vit les lumières du bateau désemparé, mais, comme il est solide, tout laisse croire qu’il a pu résister à la tempête.
À Sorel, le capitaine Roy donna l’ordre d’envoyer un remorqueur à sa recherche. On ne s’est pas encore ce qu’est devenu le chaland.
Le Sorelois, 19 novembre 1886.
La photographie de ce chaland par R. Savary en 1947, bâti au chantier maritime de Saint-Laurent, île d’Orléans, et devant servir à Bersimis, aujourd’hui Pessamit à l’embouchure de la rivière Betsiamites, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6,S7,SS1,P37017.