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Retour sur le chiffonnier

guenillou, chiffonnierL’historien, archiviste et journaliste Édouard-Zotique Massicotte s’arrête ici au marchand de bric-à-brac ou de vieux fer.

Il dit qu’on les appelle «ach’teux ou vendeux d’guénilles».

Il passe dans les rues tantôt avec un sac immense sur son dos, sa romaine à la main; quelquefois avec une petite charrette à bras qu’il pousse avec effort devant lui; ou bien il roule ses poches sur une voiture détraquée, tirée par une haridelle efflanquée qui a certainement dû connaître des jours meilleurs.

Quant au physique, il est plus qu’ordinairement laid.

Ses vêtements sales et vieux indiquent son commerce, et très souvent il possède une trogne qui est loin de plaider en sa faveur. Tout cela ne l’empêche pas de lancer son cri : Bouteill’ guénill’-z-à vendre.

Tantôt c’est bref, tantôt traînard, haut, bas, éraillé, nasillard, enfin selon l’individu. Il y en a pour tous les goûts.

Quelques-uns de ces marchands le modulent d’après les règles de l’art du chant, mais d’autres dédaignent cet artifice et n’emploient que le monotone.

D’ordinaire, ils ne se servent que de notre belle langue internationale — celle de la diplomatie s. v. p. — cependant lorsqu’ils passent dans les quartiers anglais par galanterie, par pure condescendance pour les sentiments gallophobes de nos concitoyens, ils ajoutent : Rags and bottles to sell. C’est là, pour eux, le sublime du savoir faire.

Quelques-uns sont d’honnêtes citoyens qui ne peuvent gagner leur vie autrement, quelques autres sont des vagabonds, des ivrognes, qui ont connu de meilleurs jours, ont même eu des positions brillantes. Le vice les a fascinés et en a fait sa proie. Maintenant ils parcourent les chemins ramassant les articles de rebuts (sans calembourg). [sic]

 

Le Monde illustré (Montréal), 20 septembre 1890.

On trouvera aussi ce billet sur les chiffonniers.

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