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D’Icare jusqu’aux aviateurs

Sergey_Solomko Icare

Voyons ensemble les moyens mis en usage par les hommes aux différents âges pour s’élever dans les airs.

L’histoire des temps bibliques nous montre les descendants de Noé érigeant la tour de Babel pour s’élever vers les cieux comme un funiculaire immense.

Puis l’histoire profane ou plutôt la fiction nous rapporte le fait du fils de Dédale s’enfuyant de l’île de Crête au moyen d’ailes façonnées de cire; mais le malheureux, continue la fable, s‘étant trop approché du soleil, ses ailes de fondre et de précipiter Icare, cet oiseau d’une genre nouveau, dans la mer Égée.

Pas plus que les Grecs, les Romains ne songèrent à l’aviation si bien que nous arrivons en plein moyen-âge sans qu’aucun travail sérieux ne soit entrepris en ce sens.

Vers 1060, un Anglais, Olivier Malmesbury, armé d’ailes, se jeta du haut d’une tour et vint s’aplatir sur le sol. À Constantinople, vers le XIIe siècle, un Sarrasin, ayant eu la même audace, partagea le même sort. Au XIIIe siècle, Roger Bacon affirme que l’homme peut voler. Léonard de Vinci, dans le siècle suivant, étudie le vol d’après les oiseaux et nous laisse des dessins très précis d’aviateurs.

Sous Louis Le Grand, Dante de Pérouse, Allard, ainsi que Bernier en 1678, cherchent à planer dans les airs. Font suite des travaux trop longs à énumérer, qui nous présentent l’homme cherchant à résoudre la question du «plus lourd que l’air» par les aviateurs.

Mentionnons en ces derniers temps la machine de Stenzel, qui se soutint dans les airs, celle de Tatin et Richet, à moteur, actionnant deux hélices, qui réussit à franchir 64 kilomètres, 800 mètres dans une heure [sic]. Pour être complet, disons un mot des cerfs-volants qui servirent à Franklin à des observations d’aérologie.

Ce fut vers 1783 que Montgolfier et Annonay gonflèrent le premier ballon. Ces immenses sacs de soie imperméables, gonflés soit avec de l’air chaud, de l’hydrogène ou du gaz d’éclairage, s’élevèrent par leur propre force jusqu’à un parfait équilibre entre l’aérostat et l’air ambiant.

Le désir de n’être plus sujet aux caprices du vent fit naître le ballon dirigeable. On en modifia dans ce but la forme et, au lieu d’un aérostat fait comme une poire renversée, on eut le ballon ellipsoïde à moteur. Le 9 août 1884, Renard et Krebs, deux officiers français, partirent en aérostat mu par deux hélices, de Chalais près de Meudon, et revinrent à leur point de départ après avoir franchi sept kilomètres en vingt-trois minutes.

Dix ans plus tard, des expériences analogues tentées à Berlin échouèrent : le feu s’étant communiqué du moteur au gaz de l’aérostat. Ajoutons à la liste déjà longue des victimes de la science deux noms : ceux du Dr Woelbert et de son compagnon.

Jamais on a vu que le sang des martyrs n’ait fait faiblir une entreprise, tout au contraire. Des travaux en ce sens se continuent avec une ardeur toujours nouvelle à l’école aérostatique de Chalais et le ballon «La France» expérimenté dernièrement sera le «nec plus ultra de l’aviation.

L’avenir qui appartenait aux aéronautes s’ouvre aux aviateurs.

 

L’Écho de Charlevoix (Baie-Saint-Paul), 25 août 1898.

Le tableau Le Songe d’Icare de Sergueï Solomko apparaît sur la page Wikipédia consacrée à Icare.

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