La journée du 14 juillet à Paris
À l’été 1900, la journaliste Françoise (Robertine Barry, 1863-1910) est à Paris. Le 14 juillet, elle se rend d‘abord à l’hippodrome de Longchamp assister au défilé de la fête nationale française.
Le défilé commence alors, et je vous assure qu’elle est émouvante cette «âme de la France» comme elle passe solennelle et grande devant nos yeux.
Les applaudissements se font entendre dans toutes les tribunes à mesure que les bataillons en cadence passent devant elles.
D ‘abord, ce sont les troupes à pied, les polytechniciens, les saint-cyriens, les sapeurs du génie, les territoriaux, etc., puis l’artillerie avec ses canons roulant, puis enfin la cavalerie. […] La charge finale des escadrons — si grande et si belle qu’on ne l’oublie jamais — vint terminer la revue.
Mais elle ne termine pas la fête qui ne faisait que commencer.
Depuis des mois déjà, on travaillait au pavoisement et à la décoration des rues et, quand vint le soir, Paris se métamorphosa en une ville enchantée.
Tous les réverbères des Champs Élysées, de la place de la Concorde et de la place Royale étaient reliés entre eux par des girandoles de lumières.
Les arbres mêmes étaient piqués d’immenses marguerites en métal dans les coroles desquelles on avait placé des lampes électriques.
De semblables guirlandes traversaient les rues en plusieurs endroits. Les arbres qui n’avaient pas leur décoration de marguerites étaient illuminés jusqu’à leurs cimes par des ballons qui se balançaient gracieusement dans les branches comme d’immenses oranges lumineuses.
La place de la Concorde présentait la décor d’une véritable féérie : les eaux jouaient sur le bord des fontaines, des motifs électriques à couleurs multicolores donnaient à l’ensemble l’aspect d’une véritable mer de feu.
Je renonce à décrire cet embrasement; qu’il suffise de savoir qu’il était général, que pas une rue, fut-ce la plus modeste, qui n’eut ses trophées de drapeaux, ses oriflammes, ses lumières étincelantes.
Et les bals en plein air : voilà une des parties les plus intéressantes, à mon avis, de ce programme de fête.
Sur les boulevards, sur les places publiques, dans tous les carrefours, sont installées des estrades où des orchestres font entendre une musique endiablée, Les couples tourbillonnent en plein air en s’élançant étroitement. Ils s’arrêtent un instant, repartent encore, et toute la nuit on dansera jusqu’au coucher des étoiles. […]
Tout le monde est gai, joyeux, la réjouissance est belle et vraiment générale. C’est à qui trouvera la meilleure plaisanterie, et les passants me doivent pas se trouver offensés des lazzis des gavroches.
Les cochers, qui circulent péniblement à travers la foule, sont surtout les objets de leurs espiègleries. On les force à se découvrir, à saluer les feux de joie, à crier : Vive la République. […]
Voilà une fête vraiment nationale. Vraiment patriotique, où les petits comme les grands ont leur large part de réjouissances. Pourquoi n’en pas créer de semblables chez nous, le vingt-quatre juin ? Je ne dis pas pour la splendeur des décors, ou le luxe des illuminations, mais pour l’union et la fraternité d’un même peuple. […]
Le patriotisme ! voilà ce qui a fait de la France une grande nation, voilà ce qui la maintient toujours indépendante et forte en dépit de ses nombreuses factions, parce que c’est le terrain commun sur lequel toutes les opinions se rencontrent et se confondent.
Créons donc aussi chez nous de ces fêtes nationales qui soient comme les trêves de Dieu parmi les luttes et les querelles de partis; qu’elle soient véritablement nationales et populaires, que l’on danse gaiement autour des feux de la Saint-Jean, qui rejoindraient toutes les mains dans un sentiment de fraternité cordiale et sincère.
FRANÇOISE.
La Patrie (Montréal), 9 août 1900.
Amis français, Bonne Fête !
Le drapeau national de la France apparaît sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.
Bonne fête à tous nos amis français au Québec!
Et sur la chaîne TV5 à partir de 8 h 00, le défilé militaire sur la plus belle avenue du monde prend place. On y verra 3 000 militaires, 241 chevaux et 50 avions. Le thème de cette année: l’engagement. Et vive la Marseillaise!
Absolument, Belle Acadienne !