«Quelle est le type idéal de la jeune fille canadienne-française ?»
Dans le quotidien montréalais La Patrie, la chroniqueure Madeleine [Anne-Marie Gleason] lance un concours sur ce thème, qui durera du 4 au 14 juillet 1908. Nous sommes donc à l’époque de nos arrières-grands-mères. Réponses.
La jeune fille idéale, c’est bien la vraie jeune fille de chez-nous, jolie, intelligente, gracieuse, instruite, oui instruite dans le sens le plus élevé et le plus large; capable de causer art et littérature, sachant distinguer le nouveau, et comprendre le «vrai bon», consciente de ses devoirs les plus simples et capable de les remplir dans leurs plus humbles détails. […]
Numa Ploum
Je le souhaite jolie et bonne, plus bonne que jolie.
Mirleflor
Yeux mutins, bouche nerveuse, nez retroussé, cheveux flous (pas trop !), toute mignonne, toute finette, et si bonne, si bonne qu’on la croquerait toute vive la jeune fille idéale de chez-nous.
Pompon
Qu’elle s’efforce d’être une femme, afin d’être prête à remplir son rôle demain : élever des fils capables de servir la patrie et la race.
Maman Cécile.
Ni poseuse, ni rageuse, capable de rire et de chanter, en raccommodant des chaussettes, et en fricotant de bonnes petites sauces. L’idéal, c’est la jeune fille simple et droite, jolie ou pas, qui a pour charme un beau sourire.
Ninette C.
Je la voudrais avant tout intelligente, sage. Une femme vraiment intelligente est toujours bonne et loyale. Elle comprend le devoir et l’accomplit sans lâcheté et sans aigreur. Je l’aimerais musicienne, peintre, — et plus encore, écrivaine, mais je voudrais qu’il y eut n elle une voix qui chantât des harmonies uniques, afin que je puisse l’aimer par le cœur et par l’esprit……. mon idéal.
Rodrigue
La jeune fille, c’est celle qui est jolie, et l’ignore,— fine, et ne s’en doute, — bonne, et ne s’en fait pas accroire !
Nichette
La Patrie (Montréal), 4 juillet 1908.