Un jeune Tarin des pins se bâtit une confiance
Attentif et dans un milieu calme, il nous est donné parfois, rarement, de pouvoir vivre des moments vraiment hors de l’ordinaire. Hier, j’écrivais à une amie :
J’ai vécu un moment exceptionnel aujourd’hui à ma campagne, dont je me souviendrai toujours. Un jeune Tarin des pins, si petit, était par terre devant la galerie, dans les cosses de tournesol noir. J’ignore comment, le cœur battant, il s’était retrouvé là, immobile. L’apercevant, j’étais à remplir de graines les silos suspendus au larmier.
Je me suis tout de suite accroupi, et sans bouger, lui parlant du haut de la galerie. Il me regardait, ne partait pas, si petit. Après un moment, il a gagné le pied de l’escalier un peu à l’écart de nous deux. Puis, par petits bonds, les ailes s’ouvrant pour nourrir ses élans, il a monté les deux marches, avant de se poser sur le palier. Où s’en va-t-il ainsi ?
J’étais toujours accroupi, tenant coincée avec mon coude, à droite sur ma poitrine, une mangeoire pleine, prête à être accrochée. Il s’est approché. Mon index de la main gauche était vis-à-vis une des ouvertures de la mangeoire. Il me regarde et saute sur cet index. Il était tout près de mon visage. Me regardant, il attrape une amande de tournesol noir, la mâchouille, mais a peine, la trouve quand même coriace pour son bec bien jeune.
Ça durait longtemps. Et je continuais de lui parler. « Quelqu’un t’a-t-il déjà dit que tu es un cadeau ? », lui demandais-je. Je me suis fait piquer sans bon sens, parce que tous les insectes piqueurs sont maintenant sortis. Et je me raisonnais « Ne bouge pas, accepte ces piqures, ce moment est absolument unique. Tu ne le vivras sans doute plus jamais. » Finalement, après une douzaine de minutes, il a avalé son amande, me regardait toujours, je ne cessais de lui parler.
Bientôt, il a fait un petit bon pour descendre sur la galerie. M’a laissé continuer mon travail, sans aucune crainte. Je n’en revenais pas.
Il me regardait, puis tournait la tête vers l’avant, regardant la vie, puis me regardait à nouveau, et retour à ce que lui offrait la vie. Ce manège durait. Je lui parlais toujours. Et soudain, il s’est envolé.
Je n’ai jamais vécu cela de ma vie.
Madre de Dios… Quel miracle de la vie, quel bonheur, quelle occasion inouïe ! J’en suis toute retournée de vous lire… Mélange de grand sourire et de douce émotion… On a connu François d’Assise qui parlait aux oiseaux, nous avons maintenant Jean de Ste-Anastasie…
Merci de nous avoir partagé ainsi ces minutes sans égales…
Vous dire, ce fut pour moi un bonheur absolu ! Je ne croyais vraiment que ça conduirait à cela lorsque, le pauvre, je l’ai aperçu dans les cosses de tournesol ! Et il a entrepris de venir me voir, je n’en reviens pas encore !
Quelle expérience fantastique!
Cette rencontre d’une grande rareté ne pouvait arriver à une meilleure personne que vous. Je vous envie ce bonheur, cette émotion de partager avec ce petit Tarin ce moment unique.
Le soir arrivé, s’endormir en repensant à ce moment précieux…
Bonne nuit !
Merci, chère Nicole, merci beaucoup. Plus de 24 heures plus tard, je n’y crois pas encore. Qu’un si petit être, tellement fragile, s’approche soudain jusqu’à moi, et pour manger perché sur mon index. Je le regardais, si près, et je lui disais «T’es un véritable cadeau». Et il continuait de «travailler» son amande et que son bec n’avait pas la consistance pour la briser rapidement.
Merci, merci, je m’en vais à l’instant m’endormir sur ce moment d’une grande tendresse, d’un si grand calme, d’une si grande confiance de sa part. Je n’en reviens pas.
Cher M. Provencher, nous sommes tellement heureux pour vous et émus par votre expérience fabuleuse . Nous avons lu votre texte le sourire aux lèvres et les yeux dans l’eau. Ce miracle de la vie ne pouvait arriver qu’à vous car les oiseaux se racontent entre eux que vous êtes des leurs.
Vos amis de l’école La Petite-Patrie.
Dites à vos amours, chère Marie-Chantal, que c’est vraiment incroyable de vivre une pareille histoire. J’en suis encore tout bouleversé, sans moyen. La vie soudain tellement généreuse ! J’ai tant aimé, ce cher petit.
Et, je Vous en prie, saluez vos amours pour moi.