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Une mère et ses quatre enfants dans la misère

mere et enfants dans la misere

Sans gite et sans pain.

Traînant les rues et les squares, mangeant au hasard des charités ou des rencontres, affaiblis par la misère et les privations, une femme et quatre enfants sont venus s’échouer ce matin au greffe de la Cour du Recorder où les avaient conduits deux constables.

Depuis le premier mai, Mme Elvery et ses enfants, trois garçons et une petite fille de deux ans, traînent la voie publique, couchant aux postes de police et vivant des rebuts des ruelles. Leurs vêtements sont en loques, les petits sont à peine chaussés et l’un d’eux, un petit garçon de dix ans, grelotte de fièvre.

La police du quartier St-André les voyait depuis cette époque, et, tous les soirs, leur donnait un gite au poste, mais leur misère est devenue si grande qu’on a décidé d’intervenir et de mettre les autorités au courant de cette triste situation.

Ce matin, les constables Harvey et Larivière emmenaient toute la famille à l’hôtel de ville et le Recorder Weir fut appelé à se prononcer sur leur cas.

Voici l’histoire que nous raconte la femme. «Depuis la fin d’avril, nous sommes sans asile et depuis longtemps nous sommes sans ressources. Mon mari n’a pas travaillé de l’hiver et n’a d’emploi que depuis quelques jours au cimetière protestant où on le fait travailler comme aide-jardinier.

«Pendant que mon mari ne travaillait pas, nous n’avons pas pu payer notre loyer et nous avons été expulsés du logis que nous habitions, 39 rue Roy. Le propriétaire a gardé ce qui restait de nos meubles, car nous en avions vendu autant que nous avions pu pour nous procurer du pain.

«Depuis ce temps-là, nous ne savons pas où aller, on nous chasse de partout, et mon mari n’a pas encore touché assez d’argent pour suffire à nos propres besoins. Il est obligé de demander asile de son côté.»

Le groupe des malheureux faisait peine à voir. Serrés les uns contre les autres, les enfants avaient des mines farouches de bêtes traquées, et le plus âgé, celui qui est malade, jetait un regard d’effrayante tristesse sur tout le monde. Ses joues étincelaient de fièvre et des sueurs couvraient son front à demi caché par des cheveux embroussaillés.

Immédiatement, le Recorder donna des ordres pour faire transporter cet enfant à l’hôpital, puis il manda M. Lane, secrétaire de l’Organisation de Charité. Celui-ci s’occupera des enfants et les placera en même temps qu’il procurera une chambre à la mère.

M. Lane a déjà secouru cette famille et il nous déclare avoir eu assez de difficulté avec elle, le mari et la femme ne s’entendant pas. Il est bien décidé cette fois à placer les enfants de manière à les faire élever comme il faut et il fera son possible pour venir en aide à la mère.

Un cinquième enfant, le plus âgé de tous, est placé dans l’orphelinat de la rue de la Montagne. C’est M. Lane qui l’a fait placer là l’an dernier.

 

La Patrie, 4 juin 1909.

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