Vive le vent pour les cages qui défilent sur le Saint-Laurent !
Pendant 100 ans, tout au long du 19e siècle, le Québec a exporté du bois à destination de l’Angleterre. Ce bois partait de Québec par bateau.
Et le moyen idéal de mener les grandes poutres — le bois dit «carré» — jusqu’à Québec était de réunir ce bois en petits radeaux, puis, à l’arrivée au fleuve Saint-Laurent depuis la rivière des Outaouais, de réunir ces petits radeaux et un seul — immense plateforme dite «cage» — qui gagnerait Québec ainsi. Des hommes, des «cageux», faisaient métier de mener ces cages jusqu’à la capitale.
Lorsque le vent était favorable, on jubilait.
La direction du vent, dit un journal de Montréal, pendant les deux ou trois jours passés, a été très favorable aux voyages des trains de bois sur le fleuve; aussi en a-t-on vu un assez grand nombre en route pour Québec.
Samedi, vers midi, un immense train de bois est passé devant la ville, allant à toute vitesse poussé par un vent très vif et guidé par les bras vigoureux des rameurs. En arrivant devant le port, les hommes qui le conduisaient ont poussé de joyeux hourras et ont hissé leurs pavillons, salut auquel ont répondu les navires.
Samedi après-midi, un radeau d’environ soixante coupons de bois et portant entre cinquante et soixante hommes descendait les rapides de Lachine [dans la région de Montréal, bien sûr], quand il toucha un rocher au milieu du courant.
La moitié du radeau a été disloqué et les pièces de bois sont descendues à la dérive. Chose étrange, aucun des hommes ne s’est noyé.
Le Canadien (Québec), 16 mai 1883.
La fin du règne des cageux et de leurs cages est arrivée à l’été 1908.
La photographie d’une immense cage est parue dans Le Monde illustré (Montréal) du 16 mai 1891.