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Selon certains, il faudrait attacher littéralement le cultivateur à sa terre

LaboureurVoilà 100 ans, il n’était vraiment pas facile d’être agriculteur. Les gens des villes, par exemple, y allaient abondamment de leurs conseils, alors que la plupart ne connaissaient sans doute pas le métier.

Voici le bi-hebdomadaire Le Bien public, de Trois-Rivières, qui tape sur le clou à son tour sous le titre «La désertion des campagnes».

Comment ! diront quelques-uns, les voyages sont une cause de la désertion des campagnes ? Mais oui, sans doute. Les voyages font perdre au cultivateur son argent et son temps. Et puis, autre raison qui n’est pas la moindre, ils accoutument au gaspillage. […] Le cultivateur et je parle ici de celui qui est tout désigné d’avance pour prendre bientôt le chemin des États-Unis — voyage à propos de tout et à propos de rien, et, dans ses courses multiples, il gaspille.

Annonce-t-on pour un jour quelconque de la semaine une course de chevaux, le cultivateur y sera.

Y a-t-il une excursion organisée, le cultivateur sera certainement de la partie.

Donne-t-on au village une exhibition, un cirque, le cultivateur laissera là le champ et le travail.

Un de ces petits théâtres démoralisateurs de vues animées vient-il s’établir dans la paroisse, que les cultivateurs accourent.

Enfin, l’automne est à peine commencé que notre brave homme abandonnera pour un temps sa terre, négligera les soins qu’elle nécessite pour se rendre dans les chantiers. […]

Il veut jouir. Au diable les dépenses, dit-il souvent.

Sa terre va certainement souffrir de son départ pour les chantiers. Comprend-il ça ? Si vous essayez de le convaincre des mauvais effets que produisent ses voyages, il se contentera de vous répondre qu’aux chantiers il va gagner de l’argent.

Après quatre, cinq ou six mois, il reviendra. De l’argent, il en aura.

Mais pas pour lui. Car pendant son absence, sa famille a fait des comptes, et maintenant paye Baptiste. S’il lui en reste un peu de cet argent, si péniblement gagné, il fera peut-être comme tant d’autres. Il descendra au village ou ira en ville. Avec deux ou trois de ses amis, il fêtochera pendant une couple de jours […]

Faisons comprendre au cultivateur qu’il doit rester chez lui. Persuadons-le de travailler sa terre, de la défricher et de l’améliorer.

Faisons-lui comprendre enfin que, sur sa terre avec sa subsistance, il trouvera l’aisance et même le bonheur. Disons-lui et répétons-lui souvent que les plaisirs les plus doux, les plus purs, il les trouvera dans sa famille.

 

Le Bien public (Trois-Rivières), 2 mai 1911.

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