Skip to content

Nouvelle histoire de paranormal

illustration du drameEntre 1880 et 1910, le public lecteur raffole des événements défiant le «normal» de la vie et les journaux s’en font porteurs. Ces nouvelles reposent sans doute du train-train des populations. Ou le nourrissent. Chose certaine, il faut un appétit pour de pareilles histoires. En voici une nouvelle dans le quotidien montréalais La Patrie du 12 mai 1900.

Elle viendrait de l’évêque américain Samuel Fallows, de l’Église réformée épiscopalienne, qui a raconté à un reporter du Sunday World «un fait merveilleux de télépathie que nos lecteurs liront sans doute avec intérêt».

Monsieur Smith, non fictif, car les noms des parties en cause doivent être cachés, dit-on, a perdu son épouse, madame Smith, après une agonie de plusieurs semaines. Monsieur Smith refuse l’embaumement et le corps de la dame est mis en terre dans un cimetière situé à quelque distance de la ville. Attrapons le fil.

Le mari était on ne peut plus affligé par cette perte cruelle, et sa mélancolie faisait peine à voir. Un de ses cousins qui était venu passer la veillée avec lui raconta que l’infortuné mari passa plusieurs heures à lui parler de la défunte. Après le départ du visiteur, M. Smith se mit au lit, mais il eut un sommeil troublé et, dans la nuit, il entendit une voix l’appeler fortement par son nom.

Au même instant, le mari inconsolable fut éveillé et il écouta de toutes ses oreilles. Tout s’était tu. Il crut avoir été le jouet d’un songe et s’endormit de nouveau. Mais encore la même voix se fit entendre.

Elle criait : «Charles ! Charles !» Ce qui est singulier, c’est qu’il ne reconnut pas le timbre de la voix.

Mais se croyant encore le jouet d’un rêve, il s’endormit de nouveau.

Le jour commençait à poindre, quand la voix se fit entendre de nouveau et, cette fois, il reconnut la voix de sa femme, l’appelant à son secours.

«Charles ! sauve-moi ! Sauve-moi ! Charles.»

Il sauta tout ému en bas de son lit. Ce cri de désespoir résonnait encore à ses oreilles. Il ne comprenait nullement ce que cela voulait dire, bien qu’il fut éveillé et qu’il se souvint parfaitement de la mort, des funérailles et de tout ce qui avait eu lieu quatre jours auparavant.

Il fit des recherches dans la chambre pour trouver celle qui avait appelé son nom par trois fois. Voyant qu’il était seul, il courut chez son cousin en s’écriant : «Lève-toi ! Lève-toi ! nous devons nous empresser de nous rendre au cimetière ! Elle vit encore ! Elle m’appelle !»

Son cousin sceptique de nature fut entraîné par la grande conviction de Smith. Tous deux s’habillèrent à la hâte. Pendant que l’un attelait le cheval, l’autre cherchait les pelles. Ainsi équipés, ils se rendirent au cimetière au grand galop du cheval. Le soleil se levait comme ils arrivaient sur la tombe; ils commencèrent immédiatement à creuser. Madame Smith avait été enterrée l’après-midi précédent. Son mari creusait avec vigueur.

Il était parfaitement convaincu que sa femme avait été enterrée vivante et qu’il était encore temps de la sauver. Son cousin travaillait avec non moins d’énergie. Ils atteignirent enfin le cercueil et à eux deux le sortirent de la fosse.

Smith poussa un grand cri, sa femme faisait des mouvements dans sa tombe.

Elle essayait de se retourner sur sa froide couche. Elle le regardait avec des yeux qui ne voyaient pas, car elle ne pouvait pas se rendre compte de la situation.

Smith la prit dans ses bras et, aidé de son cousin, la sortit de la tombe. Ils la placèrent dans la voiture et l’amenèrent à la maison. Les médecins furent demandés en toute hâte et, grâce à des soins délicats, elle recouvrit bientôt la santé. Toutes les précautions furent prises pour lui cacher ce qui était arrivé et les personnes dans le secret jurèrent de garder le silence. Depuis ce jour, il serait dangereux de révéler à madame Smith les circonstances dans lesquelles elle a été enterrée et ressuscitée. La commotion pourrait lui être fatale, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas donné les vrais noms.

Cette voix entendue par le mari ne saurait être expliquée que par la télépathie. Il n’y a rien de déraisonnable dans cette explication. Il est aussi certain que toutes les nouvelles découvertes peuvent l’être qu’il y a un phénomène appelé télépathie [sic]. Les recherches que j’ai faites m’ont convaincu de cela. En autre, j’estime que les limites imposées actuellement aux communications entre intelligences séparées par les grandes distances n’ont pas besoin d’être scientifiquement prouvées pour exister, en grande partie en matière de communications lointaines. Le temps est passé où des hommes intelligents seront frappés d’étonnement à la vue de phénomènes psychiques de la nature de celui du cas de M. et de Mme Smith.

Cet étrange article, persillé de non-dit, ne porte aucune signature.

manchette de science occulte

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS