Trois-Rivières a la mine basse
Son marché de Pâques n’est pas diable.
Le marché de Pâques n’a présenté cette année rien de bien remarquable qui vaille la peine d’être noté.
Et le journaliste devient pourtant si bavard qu’il nous faut l’amputer.
Le commerce en général a été un peu plus actif, les affaires de détail ont pris plus d’ampleur, la température exceptionnelle dont nous jouissons y a été certainement pour beaucoup.
Malgré tout, l’animation n’a pas été bien grande, surtout chez nos bouchers; ceux-ci avaient cependant d’assez belles marchandises, de viandes fraîches de qualité spéciale, en bœuf, petits agneaux, jeunes porcs frais, veaux gras, etc. Le prix était aussi spécial et la vente n’a pas été aussi forte que les années dernières.
L’on n’a fait guère aussi de grands étalages pour les étaux, l’on a songé plutôt à faire le moins de dépenses possibles, parce que le prix d’achat des viandes est trop onéreux, il s’en suit que le profit n’est pas bien grand.
Le commerce ne marche pas et est loin d’être aussi favorable, aussi avantageux que les autres années, car la collection et le recouvrement sont à peine satisfaisants.
Les gens commencent à s’habituer à n’acheter que le strict nécessaire, nos marchands conservent tout de même de belles espérances que la situation va s’améliorer de semaine en semaine. On peut même dire que l’activité sera plus considérable d’ici à quelque temps, car l’ouverture de la navigation est sur le point de se faire. Il n’y a rien de surprenant si nous voyons arriver les premiers bateaux pour la semaine prochaine. L’amélioration deviendra alors meilleure et le commerce en général accusera un plus gros volume d’affaires.
Dans les prix, on peut constater quelques changements. Une hausse affecte le bœuf de première qualité […]. Le lard a subi une forte hausse […]. Pour ce qui est du commerce des fruits et légumes, les prix ont été plus élevés que d’habitude […]. Les choux étaient en abondance et se sont vendus moins cher que les années précédentes […]
Le sirop nouveau et le sucre d’érable ont été en grande demande et à des prix raisonnables. Les dindes maintiennent toujours des prix fermes […]. Le beurre a subi une légère hausse […]. Les pommes conservent toujours de bons prix […].
J. A. Charbonneau
Le Bien public (Trois-Rivières), 29 mars 1910.
Ci-haut, voilà une gravure de L’Opinion publique du 20 mai 1880. Il s’agit du marché Sainte-Anne, le marché aux poissons à Montréal.