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On frise le drame dans une église de Québec

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L’histoire se passe à la magnifique église du faubourg Saint-Jean, une des œuvres de l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy. Nous sommes en plein prêche. La Patrie, à Montréal, reprend un texte d’un des quotidiens locaux.

Il s’en est fallu de peu que l’église St Jean-Baptiste de Québec ne fût mercredi soir le théâtre d’une de ces affreuses catastrophes qui arrivent quelquefois dans les grandes foules lorsqu’elles sont prises de panique, dit l’Événement.

On sait que les Révérends Pères Rédemptoristes prêchent en ce moment une retraite de la population féminine de cette paroisse. À chaque office, l’assistance est énorme.

Après le sermon, mercredi soir, il y a eu salut, et l’officiant, l’abbé Godin, en était rendu au moment solennel de la bénédiction du Saint-Sacrement. Tout à coup, au milieu du silence imposant de la foule prête à se prosterner, on a entendu les cris : O ma mère ! Oh ma bonne mère ! puis on a vu une jeune fille qui remontait la nef les bras étendus et le regard fixé sur la statue qui surmonte le maître-autel, vers lequel elle se dirigeait.

Le balustre étant ouvert, elle le franchit et se rendit ainsi jusqu’au milieu du chœur. Elle fut alors rapidement entraînée dans la sacristie et transportée à sa demeure, chez une famille des environs.

La malheureuse venait d’être prise d’un accès soudain de délire mystique et on la dit assez mal aujourd’hui.

Aux exclamations poussées par la jeune fille, et qui ne furent pas comprises partout, la plus grande partie des personnes présentes, ne voyant même pas celle qui les lançait et n’y comprenant rien par conséquent, se leva et beaucoup s’élancèrent vers les portes.

Il faillit en résulter une panique très sérieuse, mais, heureusement, la plupart des assistants conservèrent leur sang froid et ne quittèrent pas leurs places.

Plusieurs personnes se sont évanouies et ont été transportées à leur domicile. D’autres sont arrivées chez elles tout énervées et, le reste de la soirée, on n’a parlé que de cet événement dans toutes les familles.

 

La Patrie (Montréal), 13 mars 1885.

* * *

Le lendemain, sous le titre «Prisonnière dans une église», le journal ajoute :

Lors de la panique à l’église Saint Jean-Baptiste de Québec mercredi soir, il s’est produit, paraîtrait-il, un accident qui n’a pas été relaté. Une femme qui se trouvait seule dans un banc s’est évanouie et s’est affaissée par terre sans que personne ne s’en aperçût. La cérémonie terminée, la foule s’est écoulée et les portes ont été fermées.

 Un instant après, cette malheureuse a repris ses sens et s’est mise à crier. Heureusement pour elle, ses appels ont été entendus, car la confession se faisait encore dans la sacristie, et on est allé lui rendre la liberté.

La photographie de l’église Saint-Jean-Baptiste à Québec, prise par Olivier Zuida est parue dans le quotidien Le Devoir du 26 mars 2015.

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