À verser au dossier de l’histoire des Patriotes de 1837-1838. Un document important
Il y eut, à l’occasion, des Québécois bien étonnants au sénat du Canada.
À une semaine du printemps 1888, à qui s’adresse Jean-Flavien Armand (1820-1903), né à Rivières-des-Prairies, sénateur de 1867 à 1903 ? Sans doute au gouverneur général du Canada, le marquis de Landsdowne, sir Henry Petty-FitzMaurice.
À Sorel, le journal du matin Le Sud, du 13 mars 1888, fait sa une avec cet échange.
Dans son discours sur l’adresse, l’honorable sénateur Armand a rapporté un intéressant bout de conversation que nous citons du texte officiel des débats du sénat :
«Excellence, lui disais-je, depuis que nous avons le gouvernement responsable, nous sommes heureux de vivre sous la protection, à l’ombre des plis et des replis du glorieux pavillon britannique; mais je lui dis de suite, sans arrière pensée :
«Excellence, si nous n’avons rien à envier à nos intelligents et industrieux voisins, c’est probablement dû à leur voisinage.»
Son Excellence me regarda et me dit : «Monsieur, je m’en vais, moi aussi, vous dire, sans arrière pensée : ce qui a valu le gouvernement responsable, non seulement au Canada mais à chacune de ces colonies sur l’une desquelles le soleil ne se couche jamais, c’est votre Insurrection de Trente-Sept.
«Je siégeais alors dans la Chambre des Lords. Nous avons été surpris, étonnés, même effrayés à la vue des dépenses considérables que cette insurrection qui, pourtant en soit était peu de choses, même insignifiante, comme vous le savez.
«Nous nous sommes dit : Qu’adviendrait-il si chacune de nos colonies s’avisait d’en faire autant; nous ne serions certainement pas capables d’y tenir; c’est de leur donner suite le gouvernement responsable.
«Je dois de plus vous dire que nous avons examiné vos griefs de 37. Nous avons constaté qu’ils avaient été causés par des serviteurs mal choisis, que plusieurs même s’étaient rendus concussionnaires publics; serviteurs qui sont souvent le funeste effet de ces nominations politiques.
«J’ajouterai que nous avons fait réviser les procès de vos condamnés politiques par des hommes choisis dans le Conseil Privé de Sa Majesté. Leur rapport a été que l’exécution de ces hommes avait été des meurtres judiciaires et des assassinats politiques.
«Je dois de plus vous dire que nous, en Angleterre, nous n’aurions pas enduré le dixième de ce que vous avez souffert.»
Le meilleur ouvrage sur l’histoire des Patriotes de 1837-1838, le plus récent, tenant compte des derniers savoirs sur eux, est de l’historien Gilles Laporte, Brève histoire des Patriotes (Québec, Éditions du Septentrion, 2015, 366p.)