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Certaines années, le printemps est vraiment la saison des inondations

inondation

Et elles sont nombreuses à passer à l’histoire. Celle du 2 mars 1882, à Montréal, en est une.

Les scènes d’il y a dix ou douze ans se sont renouvelées hier. La partie sud-ouest de notre ville a été inondée pendant l’avant dernière nuit.

La pluie torrentielle de mercredi ayant fondu l’énorme quantité de neige tombée la semaine dernière, l’eau s’est précipitée du haut des pentes de la Côte St. Antoine et a complètement submergé la partie basse de la ville située au niveau de la rue Bonaventure, ainsi que les municipalités voisines, Ste Cunégonde et St. Henri.

Les égouts s’étant obstrués, la crue des eaux a été très rapide, tellement que, dans certains cas, des familles réunies au rez-de-chaussée de leurs maisons ont dû se réfugier en toute hâte aux étages supérieurs.

L’eau a recouvert partout le sol sur une épaisseur de plus de quatre pieds [plus de 1,2 mètre] et après avoir inondé les caves s’est introduite dans les logements. Les trains du Grand Tronc ont été considérablement retardés.

Dans la ville, une partie des rues Richmond, Fulford, Chatham et Canning a été submergée. Plusieurs épiciers et autres commerçants en ont éprouvé des dommages très sérieux.

C’est à Ste Cunégonde et à St. Henri que l’inondation a été la plus forte. L’eau a recouvert presqu’entièrement ces deux municipalités et il a fallu improviser des radeaux pour porter secours aux inondés et les faire sortir de leurs maisons.

Devant l’église catholique, au coin des rues Vinet et Bonaventure, l’eau s’est élevée jusqu’à une hauteur de deux pieds dans les bancs et a complètement entouré l’autel.

Les rues disparues sous l’eau sont Bethume, Rose Délima, Ste-Marguerite, Dagenais, Albert, Delisle, Bonaventure et Workman.

Hier au matin, l’eau a baissé considérablement, puis s’est élevée de nouveau dans l’après-midi. La nuit dernière cependant, elle s’est retirée, et on peut considérer close la navigation en radeau. Il ne restera plus qu’à recueillir les rats morts et à réparer les dommages.

 

La Patrie (Montréal), 3 mars 1882.

La gravure est d’abord parue dans Le Monde illustré (Montréal) du 30 avril 1887. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Inondations».

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