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La venue des premiers chiens

louveteau

Quelle belle histoire ce fut assurément, mais nous ne pouvons que l’imaginer.

Depuis les travaux de l’ethnologue Jean-Pierre Digard et du paléontologue Pascal Picq que je rêve d’écrire l’histoire des toutes premières bêtes qui furent nos chiens.

Ils étaient de bien jeunes loups, il le fallait. Un loup adulte, maintenant tout à fait dans son monde, n’aurait pas accepté de vivre la condition humaine. Peut-être que ces louveteaux vivaient à la marge de la meute, en bordure, le chef, plastronnant, dominant tout le groupe. Ces jeunes d’ailleurs étaient-ils protégés ? Risquaient-ils d’être battus ? Leur arrivaient-ils parfois de vivre dans la crainte des plus vieux ?

Chose certaine, ils avaient la curiosité et, qui sait, la confiance de la jeunesse, pour oser, pour s’avancer. Et attraper des ossements à distance, tirés par des humains qui faisaient banquet, ne devait pas être facile pour un tout jeune.

Un jour, quelques-uns ont fait davantage quelques pas vers nos ancêtres et se sont vus offrir carrément de la viande. Résistance, bien sûr, plainte douce tenant quasi du chant, recul venant de la culture non identique, la difficulté de changer d’état ne sachant pas ce qui les attendait, qui sait. Mais la faim aidant et peut-être leur sort à l’intérieur même de la meute, ils firent quelques pas de plus.

Et c’en fut fait. «Venez, désormais vous allez vivre avec nous.» La brèche de la domestication des animaux, la toute première, était ouverte. Une personne du groupe, un homme, une femme, qui sait, fut chargée d’accompagner ces jeunes loups, qui deviendraient précieux, évitant de les battre, leur faisant comprendre qu’ils pouvaient bien ne pas être des ennemis, mais des collaborateurs. Y allant probablement d’affection aussi. Et les voilà lentement gagnés. Il faut connaître les jeunes bêtes pour savoir que plusieurs d’entre elles sont disposées à la domestication.

Parfois, j’aimerais avoir été le gardien de ces premiers.

Longtemps, on a écrit que ça s’est passé voilà 14 000 ans, car on retrouve dans des fosses funéraires des chiens allongés à côté des humains. Mais mon fils, bien précieux, me met sur une nouvelle piste : un billet de James Gorman dans le New York Times du 19 janvier dernier.

Tout a changé dernièrement grâce aux pirouettes que permet l’ADN. On vit en ce moment le début de cette fort belle histoire. On arrivera sous peu à une très bonne idée de ce que fut l’origine des premiers chiens. Il est certain qu’on se questionne toujours en comparant les comportements des loups et des chiens d’aujourd’hui. Mais comment peut-on être sûr que les bêtes d’aujourd’hui peuvent se comparer à celles d’hier ?

Chose certaine, des biologistes attestent en ce moment, grâce à l’ADN et la forme des crânes, que la rencontre s’est produite voilà 30 000 ans, et non plus 14 000. On procède actuellement à une recension mondiale, au moyen de l’ADN, des crânes des tout premiers chiens. La collaboration est entière entre les centres de conservation archéologiques, les universités et les musées. Seule la Chine traîne de la patte en ce moment, mais on croit qu’elle rejoindra bientôt le groupe.

Merci encore, cher Sébastien.

 

Le sujet vous intéresse. Voir cet article du New York Times. En anglais, bien sûr.

L’illustration provient du site interactif Pour L’Amour des Loups, Wolfen.

Il existe une belle réflexion sur l’histoire des animaux, celle de Pascal Pick, Jean-Pierre Digard, Boris Cyrulnik et Karine Lou Matignon, La plus belle histoire des animaux, Paris, Éditions du Seuil, 2000.

Par ailleurs, nous savons que les Amérindiens avaient des chiens avec eux. Mon ami Jean-Yves, archéologue, m’a confirmé que les ancêtres de ces chiens étaient originaires d’Asie, ayant traversé le détroit de Béring avec leurs maîtres.

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