Chez les Anglais, la foi s’en va chez le diable !
Un journal de Londres, un des plus importants par sa rédaction et son tirage, a ouvert dans ses colonnes une enquête sur cette question : Croyons nous ? Avons-nous la foi ?
L’enquête dure depuis le 29 septembre. Les lettres adressées au journal ont occupé pendant ces trois mois plusieurs colonnes en très petit texte, des colonnes de plus de 200 lignes […]
Le témoignage de la grande majorité des correspondants a établi le fait que l’incrédulité fait chaque jour en Angleterre de grands progrès et que ceux qui ont encore la foi ne sont pas d’accord sur ce qu’ils croient.
Les incrédules d’ailleurs ne sont animés d’aucune hostilité contre la religion. Beaucoup même ne sont pas éloignés de reconnaître que la morale chrétienne est une théorie d’une grande beauté. Ils ne sont pas athées, ils sont «agnostiques». Ils ne voient pas l’utilité de croire à quoi que ce soit.
Ce qui est curieux et ce qui est de nature à faire réfléchir les sociologues, c’est que cette incrédulité n’existe guère et ne fait des progrès que parmi les adhérents à l’Église officielle anglicane. Avec ses immenses richesses, ses temples magnifiques, son imposante hiérarchie, ses énormes dotations, cette Église, dont le roi d’Angleterre est le chef, voit chaque jour les classes riches et cultivées qui forment la majorité, presque la totalité de son troupeau, déserter ses églises et renoncer à toute pratique, ainsi qu’à toute croyance religieuse. Il ne manque pas d’églises à Londres où le ministre officie en pleine solitude sans qu’aucun fidèle assiste au service divin.
La Patrie (Montréal), 23 janvier 1905.