Voilà maintenant qu’un Montréalais imagine la chasse au renard en raquettes
Il y en a toujours qui ont des idées nouvelles dans ce siècle de progrès. Les choses les plus extraordinaires deviennent avec l’habitude des banalités; aussi considérons-nous qu’il n’y a plus rien de surprenant même ce qui de prime abord nous paraît irréalisable.
Nous voilà donc encore en présence d’une suggestion bien originale et aussi amusante qui, si elle se réalise, deviendra un de nos amusements sportifs les plus à la mode. Cette heureuse innovation a germé du cerveau de l’incomparable Arthur Lamalice, l’un de nos sportsmen les plus avantageusement connus parmi les Canadiens-français.
Voici du reste en peu de mots ce dont il s’agit. En été, n’y a-t-il rien de plus amusant pour un bon cavalier que la chasse au renard à cheval. Ce sport depuis quelques années a pris une vogue considérable et aujourd’hui il est pratiqué par presque tous ceux qui ont les aptitudes voulues pour en faire ressortir les beautés. L’an dernier, notre club de chasse à courre a en maintes circonstances organisé plusieurs chasses qui ont obtenu tous les succès désirés.
Or, comme la saison d’été est toujours trop courte pour les amateurs de ce genre d’amusements, il fallait nécessairement apporter un remède et avec droit M. Lamalice en accuse la paternité. Un club composé d’amis, de bons «bys» devrions-nous dire, se formera sous peu.
Chaque semaine, on se réunira à Saint-Lambert [sur la rive-sud de Montréal], puis, en un commun accord, telle que la chose aura été décidée à l’avance, on entreprendra une grande chasse au renard, en raquettes.
Tout d’abord, ça nous paraît étrange, mais en y pensant bien, on s’aperçoit que là c’est praticable. Les chiens du C. C. C. C. n’attendent que cet heureux moment pour se délasser.
Nous sommes donc persuadés que l’idée générale de l’ami Arthur sera couronnée d’un grand succès et qu’avant peu tous les bons raquetteurs soucieux de voir leur embonpoint diminuer sensiblement inaugureront ce nouveau sport par une grande chasse qui devra faire fureur dans les annales sportives en Canada.
La Patrie (Montréal), 15 janvier 1903.
Ci-haut, la page couverture du livre d’Eugène Achard, Les aventures de frère Renard, Montréal, Éditions Eugène Achard, 1956.