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Au temps des migrants

juifs russes

Dépouiller la presse ancienne est captivant. On se retrouve souvent plongé dans notre monde d’aujourd’hui. Exemple.

Au début du 20e siècle, en Russie, les Juifs sont victimes de grave intolérance. Aussi, plusieurs fuient, prennent la route. Beaucoup se disent : «Gagnons l’Amérique. New York, Montréal et même Québec».

Les voici. L’hebdomadaire montréalais La Patrie du 10 janvier 1905 propose ce texte.

Six cents Juifs Russes se pressaient hier soir à l’institution du Baron de Hirsch [à Montréal] demandant secours et protection.

La grande difficulté jusqu’ici a été de leur trouver de l’ouvrage malgré les efforts incessants en ce sens de la part d’un comité de citoyens qui siègent en permanence depuis quelques jours.

Ce comité s’est déclaré hier soir impuissant à faire face à la situation qui se complique chaque jour par l’arrivée de nouveaux immigrants.

Il n’a pas encore fait appel à l’aide financière du dehors, les ressources de l’institut sont épuisées. Il a été déclaré hier que le coût de l’entretien de ces Juifs dépasse $900 par semaine. […]

Les institutions de charité juives à New-York sont taxées à leur limite, et les conditions paraissent être encore pires qu’ici, avec cette différence qu’elles ont plus de ressources à leur disposition, pendant que l’institut Hirsch est dépourvu d’argent.

Cent cinquante autres immigrants sont en route directement pour le Canada et on se demande combien d’autres vont nous arriver par voie des États-Unis.

Hier matin, cent immigrants furent dirigés vers les usines Angus, où, dit-on, on avait besoin de 150 hommes. Pas un seul ne fut engagé. La municipalité de Delorimier a pu donner de l’ouvrage à onze sur cinquante qui avaient été envoyés dans cette direction. […]

Cet avant-midi, à l’institut du Baron de Hirsch, on a fait une distribution de trois cents gilets de laine et d’autant de paires de bas à ceux des moins protégés contre le froid. […]

Beaucoup d’ouvriers de nationalité russe demeurent sur les frontières et obtiennent des permis de six mois pour aller travailler en Allemagne et M. de Struve [le consul général de l’Empire russe pour le Canada] est d’opinion que plusieurs des immigrés arrivés ici et aux États-Unis ont profité de ces permis pour franchir les frontières et ne plus retourner en Russie.

 Cinquante Juifs, déserteurs de l’armée russe, sont arrivés hier à Québec de Londres, Angleterre, via New-York, par le Pacifique Canadien et le Grand Tronc.

M. Doyle, agent d’immigration, a reçu une dépêche du département d’Ottawa, lui disant d’aller à la rencontre de ces Juifs et des les traiter comme immigrants, de les loger et nourrir, jusqu’à ce qu’il reçoive de nouveaux ordres.

 

À Québec, le correspondant de La Patrie écrit dans l’édition du 11 janvier 1905 :

Nous avons en ce moment au bureau d’émigration une cinquantaine de Juifs russes, d’assez bonne mine et condition. Ils ne ressemblent nullement aux Juifs débraillés, en houppelande, que les steamers nous amènent d’habitude. Ils vont passer l’hiver ici aux frais du Grand-Tronc-Pacifique pour le compte duquel ils travailleront le printemps prochain. Nous en attendons d’autres via Halifax et Portland.

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