Tout animal étant jeune et en contact avec l’humain peut se domestiquer
Même le carcajou, pourtant réputé féroce. Il est arrivé dans les territoires de colonisation québécois qu’on domestique l’orignal pour l’utiliser comme bête de trait. En voici un, ici, à Montréal.
Santa Claus, si fier de ses rennes, a certainement frémi dans sa longue barbe grise si, du haut de quelque cheminée, il a vu cet après-midi défiler dans les rues de Montréal un cortège des plus bizarres.
Il s’agit d’un jeune orignal attelé à une petite sleigh qui a parcouru aujourd’hui les rues St-Hubert, Ontario, Plessis, Ste-Catherine, St-Laurent, Notre-Dame, McGill et St-Jacques, pour venir s’arrêter vis-à-vis des bureaux de la PATRIE.
Dresser un orignal ne semble pas chose facile, et cependant celui qui nous occupe se conduit avec la plus grande facilité.
C’est un beau spécimen de la race. Âgé de 17 mois, il pèse déjà 500 livres [plus de 225 kilos] et il est appelé à avoir une taille énorme. Élevé en captivité, ce jeune sauvage est d’une sagesse et d’une docilité qui font rêver, si l’on songe à la difficulté que l’on éprouve à conduire les enfants.
Les inventions modernes ont du bon, mais j’avoue qu’il est bien plus amusant, plus original de se promener dans un traîneau attelé d’un orignal que dans un teuf-teuf qui risque de vous faire voir la mort à tous les coins de rues.
Et puis le sexe qui constitue la plus belle partie du genre humain est quelque peu curieux, et je suis sûr qu’un homme à marier se promenant en tel équipage, aurait bientôt autour de sa voiture un joli lot de jeunes curieuses dans lesquelles se trouverait peut-être l’épouse de son choix. Il n’est pas de sot moyen pour arriver au bonheur.
La Patrie (Montréal), 12 décembre 1905.