Les trottoirs de Saint-Jacques-de-l’Achigan
Celui qui signe Un Enfant de St-Jacques est toujours heureux de revenir dans sa patrie d’origine. Mais les trottoirs, les trottoirs…
Sous le titre «Notre vieux St-Jacques», il fait parvenir une lettre à L’Étoile du Nord, l’hebdomadaire de Joliette.
Pour moi, c’est toujours un nouveau plaisir que j’y retourne, serrer la main des amis qui vivent encore, et prier sur la tombe de ceux qui nous ont devancés là-haut. Jamais, je ne reviens de cette promenade sans remporter une bonne impression.
Il faut pourtant le dire, lors de ma dernière visite, j’ai regretté une chose en passant dans ce village, jadis si propre et si coquet. Il y a quelques années, les citoyens de St-Jacques avaient tellement à cœur les progrès de leur paroisse qu’ils avaient fait de bons trottoirs, non seulement au village, mais même à la campagne, sur un espace de plus de quatre milles.
C’était charmant ! En été, durant les soirées, les familles s’y promenaient comme sur les Boulevards à Paris. Malheureusement, ce beau zèle est tombé complètement et ces trottoirs, qui faisaient l’ornement et l’agrément de la paroisse, ne sont plus, dans les environs de l’église, que de véritables casse-cou. Il est dangereux d’y passer même en plein midi.
S’il n’y a pas moyen de les réparer, au moins qu’on les fasse disparaître, c’est le vœu de tout le monde. Quand un harnais est brisé, on dételle le cheval et l’on va à pied.
Espérons que l’été prochain, quand nous retournerons voir notre vieille paroisse, les rues de son village seront débarrassées des tronçons de bois pourri qui menacent à chaque pas de faire trébucher.
L’Étoile du Nord, 12 novembre 1891.
La photographie de la campagne à Saint-Jacques-de-L’Achigan, prise à l’automne 2014, apparaît sur le site de la municipalité, dans la section «Photos».