Où est passé le drapeau des Patriotes dont on parle ici ?
Sous le titre «1837. Le drapeau des patriotes», Le Franco-Canadien (Saint-Jean-sur-Richelieu) du 14 octobre 1887 propose cet article étonnant.
Il nous a été donné de voir ces jours derniers, chez M. Charles Hormidas Forté, No 627 rue Saint-Jacques, une précieuse relique : c’est le drapeau des patriotes de 1837.
M. Forté a obtenu ce drapeau, après bien des recherches, chez un ami de Saint-Benoît, comté des Deux Montagnes, et il le conserve comme un précieux document.
Le drapeau, qui est fait d’un tissu blanc d’une longueur d’environ quatre pieds sur une largeur de deux, est orné de deux dessins.
Le premier consiste en une guirlande d’épis de blé au centre de laquelle est inscrite la lettre C qui signifie : Canada.
Le deuxième dessin représente une branche d’érable garnie de ses feuilles. Au dessus, on voit les lettres J.-BTE [sans doute pour Jean-Baptiste] tracées en gros caractères. Comme on le voit, ces symboles n’ont rien de sanguinaire.
Ce précieux étendard, vieux de 50 ans, porte encore d’autres dessins, ce sont les cicatrices faites par les balles des volontaires anglais et par les balles des Chouayens [ni plus ni moins transfuges, vire-capots]. Le temps a beaucoup effacé les dessins, mais les lettres sont encore bien conservées.
C’est à l’ombre de ce drapeau que les martyrs de 37 ont combattu pour obtenir les libertés dont nous jouissons; c’est à l’ombre de ce drapeau qu’ils sont tombés en héros, sous les coups de la tyrannie et de l’oligarchie.
C’est toujours sous les plis du drapeau et pour avoir trop aimé leur patrie que les Duquet, les Delorimier, les Sanguinet, les Daunais et plusieurs autres sont montés sur l’échafaud et que d’autres ont pris le chemin de l’exil.
Qui d’entre nous pourrait ne pas admirer la bravoure et le dévouement de ces hommes de cœur qui, abandonnant parents, amis et fortune se sont jetés comme des lions dans une lutte qui devait être fatale pour eux, mais dont les résultats devaient assurer notre existence comme peuple libre.
À cette époque de tristesse et d’angoisse, beaucoup de leurs compatriotes les ont condamnés; mais, plus tard, lorsque la légitimité de leur cause a été reconnue, on les a non seulement approuvés, mais, de plus, on leur a élevé des monuments en reconnaissance de leur sublime dévouement en se sacrifiant sur l’autel de la Patrie.