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New York, capitale de la mode

Les modes de cet automne

Lorsqu’arrive l’automne, certaines se demandent quelles seront les modes proposées aux populations bien à l’aise. Et New York définit la norme en ce domaine. Aussi le quotidien montréalais La Patrie dépêche-t-il dans la grande ville une de ses chroniqueures, Camille (il pourrait s’agir d’Alice Lanctôt).

Son article, écrit le 26 septembre 1905, fait la une de l’édition du 7 octobre.

Mes chères lectrices,

Avez-vous vu New-York, la grande métropole, la ville la plus cosmopolite au monde avec ses deux millions d’habitants, ses immenses édifices qui semblent jeter un défi au firmament; ses chemins de fer élevés et souterrains; ses bazars où des fortunes se dépensent en quelques heures; son Parc Central; ses théâtres — soixante-cinq — infailliblement remplis tous les jours de l’année; ses journaux où se lisent à chaque heure des comptes-rendus de meurtres et d’assassinats, les uns plus effroyables que les autres; sa cinquième avenue avec ses résidences princières, où se coudoient les Morgan, les Carnegie, les Vanderbilt, les Gould, les Astor; son pont de Brooklyn sur lequel, chaque jour, un million de personnes passent ?… Mais, plus que tout cela, New-York est le paradis de la mode. Jamais saison n’a connu plus de luxe.

Les créations européennes, même les parisiennes, ne peuvent rivaliser avec les new-yorkaises. La Mode a découvert pour nous, cette année, des trésors inépuisables d’élégances. Elle a cherché dans sa mémoire de saisons vécues ce qu’il y a de plus exquis, de plus «rêvé», je dirais, de plus gracieux : la dentelle.

Mesdames, quelle que soit votre condition, ou votre âge, il vous faut porter dentelle un brin. Les toilettes de bal, de réception, de théâtre, sont faites de dentelle «all-over», sur soie ou chiffon. Elles seyent très joliment avec les chapeaux de théâtre de nuances pâles garnis de plumes, et d’oiseaux de toutes sortes. Relevés en tricorne, en marquise, en napoléon, en Directoire, les chapeaux de la saison sont très petits. Toutes les nuances pastel sont portées et le feutre blanc semble avoir acquis la faveur générale. Pour les chapeaux de ville, ils sont coquets et un peu hardis.

Les costumes sont toujours trotteurs avec leurs manteaux longs et ajustés en redingote.

Que vous dirais-je des manteaux d’opéra ?… Sinon qu’ils sont très élaborés, en drap pâle, crème, bleu, gris, bleu Alice — c’est la couleur en vogue — richement garnis de dentelle, de broderie, de médaillons, brodés à la main ou peints. Ils sont très souples et légers.

Des petits riens — ceintures, tours de cou, boas, bijoux, etc. — je ne vous dirai rien aujourd’hui. Il y a là la matière à plus d’un article, et je ne veux pas vous donner une trop forte dose d’une seule fois. Je réserve pour mon retour maintes intéressantes informations sur le sujet toujours ancien, mais toujours nouveau, pour nous, Mesdames, ce caprice, enfin, si féminin — La Mode.

CAMILLE

 

L’illustration fait la une de La Patrie du 7 octobre 1905, accompagnant ce texte de Camille.

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