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Tout ça sur le dos de la comète de Halley

Flammarion atmosphere phenomenes de la nature

Les populations de 1900 étaient folles du ciel. Elles auraient beaucoup aimé vivre aujourd’hui avec les technologies qui permettent d’aller voir au bout du monde, d’y reconnaître une planète qui s’apparente vraiment à la nôtre, de regarder de tout près la petite Pluton, de chevaucher Tchouri. Et les articles abondent au point où on peut imaginer que quelqu’un s’attaquera bientôt à une histoire du ciel.

Ici, dans l’hebdomadaire montréalais L’Opinion publique, du 4 août 1881, l’astronome français Camille Flammarion nous entretient, un brin moqueur, de ce que pensait le théologien anglais William Whiston (1667-1752) de la comète de Halley.

Contemporain de Newton, à la fois théologien et astronome, cet Anglais publia, en 1636 [il faudrait plutôt lire 1696] une Théorie de la Terre où il se proposait d’expliquer par l’action d’une comète les révolutions géologiques et les événements du récit de la Genèse.

Sa théorie était d’abord entièrement hypothétique, ne s’appliquant à aucune comète particulière, mais quand Halley eut assigné à la fameuse comète de 1680 une orbite elliptique parcourue en 575 ans, et que Whiston, remontant dans l’histoire, eut trouvé pour dates de ses apparitions anciennes l’une des époques fixés par les chronologistes pour celle du déluge, le théologien astronome n’hésita plus, il précisa sa théorie et donna, à la comète de 1680, non seulement le rôle d’exterminatrice du genre humain par l’eau, mais encore celui d’incendiaire pour l’avenir.

«Lorsque l’homme eut péché, dit-il, une petite comète passa très près de la Terre et, coupant obliquement le plan de son orbite, lui imprima un mouvement de rotation. Dieu avait prévu que l’homme pècherait et que ses crimes, parvenus à leur comble, demanderaient une punition terrible; en conséquence, il avait préparé dès l’instant de la création une comète qui devait être l’instrument de ses vengeances. Cette comète est celle de 1680.»

Maintenant, comment cette comète, qui a noyé une première fois le genre humain, pourra-t-elle nous incendier à une seconde rencontre ? Whiston n’est pas embarrassé : elle arrivera derrière nous, retardera le mouvement de notre globe, changera son orbite presque circulaire en une ellipse très excentrique.

«La Terre sera emportée près du soleil; elle y éprouvera une chaleur d’une extrême intensité; elle entrera en combustion. Enfin, après que les saints auront régné pendant mille ans sur la Terre régénérée par le feu, et rendue de nouveau habitable par la volonté divine, une dernière comète viendra heurter la Terre, l’orbite terrestre s’allongera excessivement, et la Terre, redevenue comète, cessera d’être habitable.»

On ne peut plus dire après cela que les comètes ne servent à rien !

 

L’illustration de «L’atmosphère : description des grands phénomènes de la nature», de Camille Flammarion, publié en 1873, apparaît sur la page Wikipédia consacrée à l’astronome français.

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