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Comment se portent nos prisonniers ?

prison des plainesChaque année, les grands jurés, après avoir rendu leurs jugements, visitent les prisons. Depuis Saint-Jérôme, le 20 septembre 1888, l’hebdomadaire Le Nord rapporte la visite du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul.

Selon l’usage antique et solennel, les grands jurés, après s’être acquittés de leurs devoirs pour le terme actuel, ont commencé jeudi la visite de nos différentes institutions publiques. Ils se sont rendus au pénitencier de St-Vincent de Paul.

Ils furent reçus par M. Télesphore Ouimet, préfet, qui les conduisit dans tous les appartements de l’immense établissement. Depuis la chapelle, qui est d’une excessive propreté, avec ses murs couverts de divers écussons, jusqu’à la boulangerie, tout fut inspecté et examiné avec soin.

Les jurés ont été réellement enchantés de l’ordre parfait qui règne partout, dans tous les détails et jusqu’aux moindres minuties. L’édifice est d’une extrême propreté, tout est clair et luisant, le système de ventilation est supérieur, de sorte que l’air qu’on respire est toujours pur et salubre.

Sous la surveillance du préfet Ouimet, toutes les améliorations modernes ont été faites dans le pénitencier. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que tous ces travaux sont faits par les détenus au nombre desquels il y a des talents réels.

Les appareils pour la cuisine, les chaudières où l’on fait cuire à la fois, tous les jours, 180 livres de viande et huit minots de patates; le fameux système Maréchal pour fermer toutes les portes d’une seul tour de roue, dû au détenu Maréchal, les ouvrages les plus délicats, tout est l’œuvre des détenus.

Plusieurs des jurés présents avaient fait la visite de Sing Sing, pénitencier de New-York, et de celui de Kingston, et ont déclaré sans hésiter que le pénitencier de St-Vincent de Paul était bien mieux tenu.

On voit avec plaisir que ces malheureux, qui expient leurs crimes contre la société, jouissent d’une excellente santé et peuvent surtout se distraire par la lecture et le chant. L’orgue de la chapelle est touché par un détenu, Parent. Le chœur, qui est bien organisé, est composé de détenus. Ceux qui ont une bonne conduite peuvent aller à l’école une heure par jour. Tous peuvent lire dans leur cellule des livres de la bibliothèque, jusqu’à neuf heures du soir.

Nos plus fameux détenus sont bien portants.

Achin, qui lavait les corridors avec un balai en compagnie de deux ou trois autres, est gros et gras et est redevenu joli garçon. Fahey est toujours gai. À l’apparence des jurés, il salua plusieurs de ses connaissances, se déclara satisfait du régime et dit qu’il se plaisait au métier de boulanger. Ses deux compagnons étaient invisibles.

Le vieux Carroll, âgé de 82 ans, est à l’infirmerie. Le pauvre vieux est évidemment retombé en enfance et divague très souvent, ne s’expliquant pas pourquoi on le détient en cet endroit. Il a reconnu M. l’échevin Malone, pour qui il a voté deux fois aux élections municipales. Il achève son terme.

Viau fait des chaussures et est assez calme. Un détenu, Ireland, était enfermé pour indiscipline dans le donjon, d’où Viau s’était enfui pendant l’interrègne des préfets. Un autre nommé Saint-Laurent, fou furieux, était aussi au cachot.

Après la visite, M. Ouimet a invité les jurés chez lui, où il leur a fait les honneurs de sa maison. Au dîner qui a eu lieu à l’hôtel Bertrand, il y a eu échange de remerciements et de compliments chaleureux entre M. le préfet, M. le député shérif, les représentants des journaux et les jurés.

Hier, les jurés ont visité les prisons des hommes et des femmes, l’asile de la Longue Pointe et l’École de Réforme.

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