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Faut-il finir par croire que septembre est un mois de perturbations climatiques ?

cyclone a quebecPas nécessairement, car, qu’importe le mois de l’année, le climat québécois peut vraiment y aller de surprises. Voici, par exemple, un violent cyclone à Québec en septembre 1884.

Hier matin, une atmosphère ensoleillée annonçait une journée splendide. La température était admirable, et rien certes ne pouvait prévoir pour l’après-midi un ouragan comme celui qui est passé sur notre ville.

Dans la matinée, le vent a commencé à souffler du nord avec une impétuosité qui s’est accrue pendant plusieurs heures. Puis la brise s’est apaisée quelque peu et, dans l’après-midi, le firmament a commencé à se couvrir de nuages qui n’annonçaient rien de bon. Enfin, vers quatre heures, le ciel est devenu noir comme de l’encre et, une demi-heure plus tard, un véritable cyclone de cinq minutes de durée passait sur la ville, dont la population, prise de frayeur subite, demeurait consternée.

Cela se conçoit facilement d’ailleurs lorsque l’on songe que Québec n’avait peut-être jamais vu de semblable cataclysme.

Ce n’est qu’en voyant les débris de toutes sortes, projetés en l’air comme des fétus de paille et retombant à de grandes distances, que les gens sont revenus de leur stupeur première et ont songé à se garer du danger dans le cas où la situation se prolongerait.

Le cyclone a beaucoup plus porté sur les parties hautes de la ville; c’est pourquoi les quartiers St-Jean et Montcalm en ont souffert davantage. Voici autant qu’il nous est possible de nous en assurer la somme de dégâts qu’il a causés. […]

Le cyclone a failli causer un grand malheur dans le quartier Montcalm. À l’angle des rues St-Patrice et Jupiter [aujourd’hui rue des Zouaves] est la résidence de M. Gilbert, charron. Sur la rue St-Patrice subsiste encore un mur de briques qui est une des tristes reliques de la conflagration de 1881. La moitié de ce mur, qui était très élevé, s’est écroulée avec un fracas épouvantable, crevant le toit de la maison de M. Gilbert, endommageant la cheminée, et rompant les galeries et les escaliers placés en arrière de la maison.

Il y avait à ce moment sur la galerie inférieure quatre jeunes enfants que leur mère Mme Gilbert, en entendant le bruit, a eu la présence d’esprit de faire entrer précipitamment. […]

La tente du théâtre à dix sous, montée près du marché Montcalm [place d’Youville], a été soulevée comme un parapluie, les piquets ont été arrachés, les cordes cassées, et le tout s’est ensuite abattu sur le sol, formant un énorme amoncellement de débris.

Enfin, un grand nombre de maisons ont été plus ou moins endommagées de diverses manières. Des fragments de toitures ont été soulevés et même arrachés; il y eut des vitres cassées, des portes et des châssis mis en pièces, des cheminées endommagées, des palissades et des arbres renversés. […]

Plusieurs personnes ont été plus ou moins sérieusement blessées par les débris que la tourmente projetait dans toutes les directions. […]

Les chevaux du tramway, qui montait la rue St-Jean au moment du cyclone, ont été impuissants à lui tenir tête et, quoiqu’ils tirassent de toutes leurs forces sur leur véhicule, il leur a fallu lâcher pied et reculer une bonne distance, entraînés qu’ils étaient par la voiture.

En même temps que le vent, les autres éléments se sont déchaînés. Il a plu à torrents et il est même tombé de la grêle.

Une demi-heure plus tard, la pluie a cessé et le soleil a même percé la nue. Mais vers six heures, les nuages opaques et menaçants ont de nouveau envahi le firmament et, à sept heures, il y a eu un furieux orage accompagné d’éclairs et de tonnerre. Enfin, vers dix heures, le temps est redevenu serein.

Nous ignorons s’il y a eu des accidents sur le fleuve, mais la chose est plus que probable, surtout si le cyclone y est passé.

 

Le Canadien (Québec) 18 septembre 1884.

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