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La chasse à l’outarde

outarde bernache du canadaEn 1881, le journaliste André-Napoléon Montpetit (1840-1898) publie une série d’articles dans L’Opinion publique, un hebdo montréalais, sur la pêche et la chasse, particulièrement dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent.

À l’époque, la chasse printanière est défendue après le 14 avril et ce jusqu’au 1er septembre. Extrait du 21 avril 1881, sur la chasse à la Bernache du Canada, l’outarde de son nom vernaculaire.

L’approche de l’outarde est difficile. Soit dans les champs, soit sur rivière. Pendant que la troupe mange, une sentinelle veille toujours, l’oreille et l’œil ouvert. Elles se relèvent à tour de rôle. J’ai connu des chasseurs qui, pour les approcher au printemps, lorsque la neige remplit encore les fossés de ligne, se couvraient d’un drap de lit, et suivaient la raie blanche des fossés, à quatre pattes, sur des distances de cinq à dix arpents [de 285 mètres à 570 mètres].

Mais la vache artificielle est préférable. On sait que les bestiaux n’inspirent aucune crainte à ce oiseaux, si défiants d’ordinaire. Ils se rangent à peine pour laisser paître. La vache artificielle consiste en une cage d’osier sur laquelle on applique une peau de bœuf, et dans laquelle se cache le chasseur, qui s’efforce d’imiter au moyen du cou mobile le mouvement de la vache dans l’action de paître. L’invention sera plus ingénieuse étant munie d’une clochette.

On prend aussi quelquefois l’outarde aux filets, au moyen de nappes ou à l’aide d’hameçons amorcés de morceaux de viande ou de pomme, et qu’on attache, par des fils de laiton, à des piquets fichés en terre. Les mêmes procédés servent à la chasse des oies sauvages.

Les canards, les sarcelles, les bernaches, quoique moins farouches, se chassent néanmoins à l’affût. On en fait de sanglantes tueries dans les îles, sur la côte Beaupré [sic] et la batture des Loups-marins. […]

Vers le milieu de mai, la caravane commence à se débander par troupes de vingt, cinquante ou cent pour gagner les régions boréales, les solitudes du lac Mistassini, et quelquefois plus au nord encore où elles tressent leurs nids et font leur couvée, dans les marais, sur les bords des lacs solitaires, au milieu de folle-avoine. […]

À la fin de mai, la chasse du printemps est finie. On entendra bien d’ici de là quelques coups de fusil. C’est un pêcheur qui tire aux alouettes pour en faire des esches, ou bien un écolier en vacances, un débutant dans la carrière cynégétique.

Cet automne, à la chute des feuilles, nos troupes voyageuses nous reviendront avec leurs petits pirons et halbrans, et nous les saluerons de plus d’une salve joyeuse. Remettons pour le moment nos fusils sur les crochets. On pêche déjà des barbues sur la batture — le bar va suivre les glaces du fleuve dans leur descente vers le golfe. Réparons nos chaloupes et préparons nos lignes.

 

Déjà, nous avions rendu hommage à André-Napoléon Montpetit.

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