«La terreur des souris»
Un inventeur vient d’imaginer le chat artificiel : c’est un animal en plâtre ou en terre glaise que l’on recouvre de la peau d’un vrai chat et qu’on laisse en société de chats pendant un certain temps.
Après quoi, on barbouille ses faux yeux avec du sulfure de calcium pour les rendre phosphorescents la nuit. Il suffit alors de déposer ce félin inerte à la cave ou au grenier, partout où l’on redoute la venue des souris.
L’inventeur affirme que les rongeurs, en apercevant les yeux flamboyants de leur ennemi héréditaire, en sentant la présence du chat, détalent au plus vite et que, après quelques jours de ce manège, toutes les souris changent de demeure et émigrent au loin.
La Patrie (Montréal), 4 février 1897.
La sculpture ci-haut, en bois polychrome, d’un chat heureux et un brin fier, manifestement, n’est pas signée malheureusement. Nous utilisions cette image pour le tout premier billet sur le chat, celui où on voit ce félin de poche entrer dans l’histoire, voilà des milliers d’années, où on lui préféra d’abord la mangouste.
Si ce manège décrit plus haut fonctionne, je serais porté à croire que cela vient de ce qu’on dit être l’odeur de la peau d’un vrai chat qu’on a laissée «en société de chats pendant un certain temps». Quand j’amenais ma chatte à la campagne, elle dormait rarement la nuit, allant et venant dans tous les coins de la maison. Cependant, jamais je ne retrouvais de souris morte le lendemain. Mais, pendant deux mois et demi par la suite, les souris étaient disparues. À mon avis, l’odeur du chat les avait fait fuir.