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En passant par l’Égypte

abu simbel le grand templeVers 1900, de nombreux prêtres québécois, sans doute à cause de l’abbé Léon Provancher qui avait initié cette façon de faire, entreprennent un voyage pour aller en Terre Sainte. Ici, le 16 décembre 1900, l’abbé G. P. Brunel, qui participe à un de ces périples, écrit à son frère. L’Écho des Bois-Francs publie son propos le 9 février 1901. Voyons ce qu’il dit de son passage en Égypte.

Maintenant quelques détails sur notre voyage depuis notre départ de Naples le 5 décembre. De Naples à Alexandrie, la traversée sur la Méditerranée à bord de l’Umberto 1er a été très belle, aussi bien que le trajet entre Port-Saïd et Beyrouth. Vraiment, nous sommes chanceux ! Nous avons de vives actions de grâces à rendre à Notre-Dame des Mers.

La Méditerranée, comme son vieux parent l’Atlantique, s’est montrée toujours douce et calme chaque fois que nous lui avons confié nos destinées. Sur mer, encore plus que sur terre, le ciel est demeuré toujours serein, et un beau soleil de printemps est venu s’unir aux flots tranquilles pour rendre notre voyage des plus agréables. Nous paierons peut-être cela tout ensemble à notre retour. Qu’importe ! Nous remercions la divine Providence des faveurs signalées qu’elle nous a prodiguées jusqu’à ce jour.

Après avoir visité Naples et ses environs, nous sommes arrivés à Alexandrie après une belle traversée de trois jours et quatre nuits. Alexandrie, comme on sait, a été bâtie par Alexandre le Grand, 332 ans avant Jésus-Christ. Alexandrie qui est la seconde ville de l’Égypte par sa population et son commerce compte environ 325,000 âmes, dont 55,000 Européens.

Après avoir visité Alexandrie, ses environs, la colonne de Pompéi, le Palais et les Jardins du Khédive, ou Vice-Roi d’Égypte, nous nous sommes rendus au Caire, la principale ville de l’Égypte et de tout le monde arabe. Le Caire, dont la population augmente beaucoup chaque année, compte près de 600,000 habitants. Il y a des gens de toutes les nations : des nègres des tribus les plus différentes, des Africains du nord, des Bédouins, des Syriens, des Perses, des Indiens, etc. Naturellement, ce sont les Arabes qui dominent. Les Européens domiciliés au Caire comptent pour 23,000. Les Anglais y entretiennent une garnison de 6000 hommes.

Ce qui frappe le voyageur en mettant le pied en Égypte, à Alexandrie et au Caire, c’est la bigarrure des costumes des habitants. Il est impossible de donner la description exacte de la grande variété des couleurs remarquées sur ces habits, où cependant le bleu et le blanc dominent. Sans parler du Tarbouch rouge qui est la coiffure à la mode chez les Arabes de haut ton, il y a les différents turbans dont la couleur varie suivant l’importance de la dignité ou de l’emploi du personnage.

Le vrai turban doit avoir sept longueurs de tête, c’est-à-dire la longueur d’un homme afin qu’il puisse servir un jour de linceul, ce qui l’habitue déjà, de son vivant, à penser à la mort. Les femmes pauvres ne portent qu’un sarrau bleu, pareil à une chemise, et un foulard sur la tête. Les femmes riches ne se montrent jamais dans les rues avec le riche costume qu’elles portent chez elles. Mais elles se couvrent d’un manteau de soie aux manches très larges. Elles se couvrent d’un voile de mousseline qui va des yeux aux pieds. Il y a encore bien d’autres atours, j’en passe.

Le Caire, comme Alexandrie, a deux physionomies bien différentes. La partie ancienne, ou arabe, est mal bâtie. Les rues sont étroites, sales tortueuses, remplies de monde plus ou moins vêtu. Piétons, cavaliers, chariots, hommes, femmes et animaux y circulent pêle-mêle. Le vacarme qu’ils font avec l’odeur insupportable des rues fatiguent le voyageur. Les fouets claquent, les ânes braient, les chameaux grognent, âniers et chameliers vocifèrent pour exciter leurs bêtes ou avertir les passants; colporteurs et industriels crient leurs marchandises, etc., c’est un vacarme assourdissant qui nous fait désirer de sortir au plus vite de ces quartiers maussades.

Les quartiers de construction moderne où habitent les Européens sont propres, divisés par de larges rues, bordées par de belles maisons qui rappellent les villes européennes.

Après trois jours au Caire, et avoir visité ce qu’il y a de plus intéressant dans la ville et les environs : les fameuses pyramides, impérissables monuments des anciens rois d’Égypte, où nous avons contemplé 40 siècles nous on contemplés [sic], l’Arbre de la Vierge à Héliopolis, vieux et gigantesque sycomore à l’ombre duquel se serait reposée la Sainte Famille pendant la fuite en Égypte; la grotte de l’église de saint Serge avec ses antiques inscriptions confirment la tradition du séjour de la Sainte Famille en cet endroit; la Fontaine de Moïse, etc., etc. […]

Tout le monde est bien. Le temps est magnifique, le pont tranquille. Je n’ai pas le temps de me relire. Saluts à tous.

 

Ci-haut, vue de la façade du grand temple d’Abu Simbel construit par Ramsès II.

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