«Chien et chat»
Voici un tout petit fait, absolument authentique, dont la divulgation n’est pas de nature à renforcer le préjugé d’après lequel les chats et les chiens ne peuvent se voir sans qu’il y ait poursuite et bataille à coups de dents et de griffes.
Dans une des brasseries du quartier de la Bourse, à Paris, se trouve un fort beau chat noir qui répond au nom de Pierrot.
Le dit Pierrot a pour camarade un joli chien, également noir, appartenant à un des clients de la maison.
Lorsqu’ils se trouvent réunis, ces deux amis, qui n’ont été élevés nullement ensemble et se connaissent seulement depuis trois mois, se livrent à des parties folles, luttent à «patte» plate sans jamais se faire le moindre mal.
C’est avec un regret visible que le chien quitte le café à la suite de son maître, et, lors de son départ, il est toujours reconduit sur le seuil par le souple et noir Pierrot.
Il y a mieux : lorsque le chien revient avec son maître, à l’heure de l’absinthe, il le devance toujours, se dresse contre les vitres, et rarement le chat manque d’accourir à son tour, de se dresser aussi et de gratter avec frénésie la porte comme pour l’ouvrir plus rapidement.
Le Canadien, 25 janvier 1884.