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Vivre à Paris coûte cher

parisboisdeboulognelacascadeNe nous racontons pas d’histoire, il faut de l’argent pour vivre à Paris. Et, le 13 novembre 1897, l’écrivain Rodolphe Brunet donne l’heure juste dans sa chronique hebdomadaire pour Le Monde illustré.

Depuis longtemps, on nous demande ce que la vie coûte à Paris.

Nous nous faisons un devoir de donner quelques détails qui ne manqueront pas d’intérêt pour les parents de ceux qui sont ici, actuellement, et pour les autres compatriotes qui viendront.

Nous pouvons affirmer qu’il est bien difficile de vivre à Paris, à moins de cinquante à soixante dollars par mois.

D’abord, le coût d’une chambre, au mois, est de six à douze dollars; et une chambre de six à sept dollars est située au sixième ou au septième étage, ce qui demande de fort bonnes jambes pour faire, souvent plusieurs fois par jour, cette essoufflante ascension !

Au prix de la chambre, il faut ajouter $1.00 par mois de pourboire au garçon.

Le petit déjeuner du matin : un bol de chocolat, de bouillon ou de café avec un petit pain, coûte de dix à quinze sous.

Si nous prenons un repas à la carte, il faut tout de suite compter cinquante à soixante sous pour le déjeuner ou le dîner; mais presque tous les Canadiens mangent à prix fixe au Restaurant de l’Abbaye, 6 rue Saint-Benoît, où le propriétaire fait de grandes réductions à tous les membres de notre société.

Un repas au prix fixe de quarante sous ne nous est compté que vingt-sept sous.

Ce repas consiste en une soupe ou un hors-d’œuvre, deux plats de viande garnie avec les légumes que nous préférons, un dessert et un verre de liqueurs ou une tasse de café, avec une demi-bouteille de vin blanc ou rouge ou une cannette de bière ou de cidre.

À moins de manger de la viande refusée aux halles et vendue au rabais, aux gargotes affichant des prix réduits, il n’est pas possible de trouver un repas à meilleure condition.

Là encore, le pourboire au garçon est de $1 par mois.

En additionnant la plus basse moyenne, cela fait de suite plus de $30 par mois, sans compter les blanchissage du linge, à part celui qu’il faut souvent renouveler, les timbres, le papier à écrire, les journaux, etc.

J’oubliais de parler de l’éclairage coûtant au moins de $1 à $2 par mois, et du chauffage (en automne et en hiver) qui coûte, selon que l’on chauffe, une moyenne de $4 à $6 par mois.

Il y a déjà quelques années que je vis à Paris, et je ne me rappelle pas avoir payé moins de $5 à $6 par mois de chauffage, en hiver.

Puis, les habits s’usent comme le linge, les chapeaux, les chaussures et tous les accessoires obligatoires.

Le peintre a besoin de peintures, de toiles, de leçons, etc; au médecin, il faut des livres de médecine, des instruments; au journaliste beaucoup de journaux et les œuvres du jour; le musicien demande de la musique et des leçons et lui faut entendre interpréter les œuvres musicales les plus célèbres.

Vous voyez qu’il est même difficile à l’étudiant vivant ici avec $50 par mois de prendre parfois un verre à la santé de son pays !

Et… adieu aux autres plaisirs !

 

La gravure de Thomas Allom du Bois de Boulogne et de sa cascade provient de l’ouvrage Europe illustrated: its picturesque scenes and places of note, described by John Sherer, superbly embellished with steel engravings by Turner, Allom, Bartlett, Leitchm and other eminent artists. First series. France, Belgium, and the Rhine, The London Printing and Publishing Company Limited. 1876.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Jean-Luc Janot #

    Cher Jean,
    La question à 1000 dollars:
    A combien de dollars d’aujourd’hui peut-on évaluer ces dollars de 1897?
    Merci d’avance!
    JL

    2 novembre 2014
  2. Jean Provencher #

    Cher Jean-Luc, mon fils Sébastien me met sur la piste de ce site de la Banque du Canada. Si on y recourt, on voit que 1 000$ canadiens en 1914 valent aujourd’hui, en 2014, 20, 966, 67$

    2 novembre 2014

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