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Qui donc se manifeste à la fabrique de chaussures de Saint-Hyacinthe ?

manufacture de chaussures de saint hyacintheÀ lire la presse québécoise d’aujourd’hui, et en la comparant avec celle d’il y a plus de cent ans, on ne peut s’empêcher de se demander où sont passés tous ces esprits qui se manifestaient dans chacune des régions du Québec ? Que sont-ils donc devenus ? Qu’est-ce qui les a fait fuir ?

Voyez, par exemple, cette étrange manifestation révélée dans La Patrie du 26 octobre 1883, le quotidien montréalais en faisant sa une.

Depuis plusieurs jours, on prétend que des esprits frappeurs hantent la nuit la grande fabrique de chaussures de M. Louis Côté, maire de notre ville. C’est le gardien de l’établissement, M. Normandin, que les puissances occultes semblent honorer de leurs prédilections.

C’est lui qui les entend le mieux et le plus souvent; c’est en sa présence que se font entendre les bruits mystérieux dont la cause est complètement inconnue. On nous affirme que les perquisitions les plus minutieuses n’ont pu amener l’explication de ce fait étrange, et, jeudi soir, une quarantaine de témoins auriculaires ont constaté l’existence du phénomène qu’une certaine science appelle le manifestation fluidique des esprits et dont personne n’a pu rendre un compte satisfaisant.

Le bruit ressemble à s’y méprendre à un heurt ordinaire donné à la porte d’une maison par un visiteur désireux d’entrer. On comprend que les commérages vont bon train. Nous nous bornons à donner cette nouvelle et, si M. Normandin et ceux qui l’accompagnent ne sont pas victimes de mystification, les spécialistes auront à expliquer la provenance de ces choses bizarres.

En attendant, nous devons peut-être nous féliciter de ce que, par ce temps de folie quasi générale, les esprits aient choisi Saint-Hyacinthe pour en faire leur refuge. Il semble cependant y avoir une ironie bien cruelle dans le fait que l’esprit accorde ses complaisances à l’endroit où se confectionnent les articles nécessaires à la protection des pieds, de préférence à ceux où l’on trouve les moyens d’orner les têtes.

 

L’illustration de la manufacture de Louis Côté, à Saint-Hyacinthe, provient du journal Le Monde illustré du 31 août 1901. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Chaussures-Industrie».

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