Que se passe-t-il donc au bout de cette rue ?
Nous sommes à Napierville, en Montérégie. Audacieux, allons-y voir. L’hebdomadaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, le Franco-Canadien, du 28 septembre 1888, raconte.
Pour les gens habitués à faire chaque soir le tour du village, il était facile de remarquer il y a quelques jours une agitation extraordinaire dans une certaine rue d’ordinaire bien paisible, car c’est là que résident les gens au-dessus de leurs affaires, ou pour mieux dire des rentiers.
Des groupes d’hommes aux airs mystérieux, parlant à voix basse, semblant traiter de choses on ne peut plus sérieuses et venant de toutes les directions, se rendaient en toute hâte à l’extrémité de cette rue, un peu hors du village.
Que pouvaient aller faire là tous ces hommes à l’air craintif rempli de mystères ? Au risque de faire éclater de rire les sceptiques, si nombreux de notre époque, et de faire se signer et frissonner de terreur toutes nos vieilles du temps passé, je vais vous l’apprendre.
En plein dix-neuvième siècle, ces hommes, à l’aspect robuste et fort, allaient voir danser les feux-follets, qui paraît-il donnaient chaque soir, depuis plusieurs jours, un bal en règle en cet endroit.
Ce manège durait depuis près d’une semaine lorsqu’un spectateur plus hardi que les autres, un certain soir, se décida tout-à-coup à entrer en lutte avec ces êtres surnaturels; il s’élance au pas de course à la poursuite du feu tant redouté; après une course affolée de quelques minutes, il se trouva en face d’un spectacle capable de faire trembler le plus brave !……………………….
Quelques épis de blé-d’inde séchés, fichés en terre au moyen de baguette, et imbibés d’huile brûlaient bien tranquillement et achevaient de se consumer; nos feux follets avaient cru plus prudent de remettre à plus tard et s’enfoncer dans les ténèbres, afin de s’éloigner des lumières par trop indiscrètes.
C’est bien là la meilleure explication à donner à toutes les histoires de revenants, de loups-garous et de feux follets de nos bonnes, mais trop superstitieuses vieilles grandes-mères.
Décidément, il se passe des événements bien étranges à Napierville. Dans la presse de l’époque, mais très rarement car sans doute ne veut-on pas encourager cette pratique, on voit des personnes, à la campagne comme à la ville, se livrer à du spiritisme. Rappelez-vous la peur soudaine de ces dames de Saint-Adelphe de Champlain qui avaient parlé à la planchette.
Ci-haut, le magasin général E. Renaud, à Napierville, en 1910. Cette photographie est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Collection Félix Barrière, Épreuves noir et blanc, cote : P748, S1, P2763.
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