Qui nous donnera la clef pour prédire les tremblements de terre et les éruptions volcaniques ?
À la fin du 19e siècle, même si on aimerait bien, on est tout à fait incapable de prédire les tremblements de terre et les éruptions volcaniques. Bien plus, l’article de L’Écho des Bois-Francs du 10 août 1895 laisse croire qu’on est toujours fort dépassé par ces événements.
De pareils malheurs ne peuvent être évités. Il n’est pas au pouvoir de l’homme de les empêcher. Et la science qui n’a pas dit son dernier mot, faut l’admettre, n’a pas non plus, jusqu’ici, pu prédire les tremblements de terre, les éruptions volcaniques.
Cela tient à des causes, voyez-vous, qui ne sont pas actuellement du domaine de l’observation. Dans leur impuissance de nous dire quand la chose doit arriver, les savants se contentent d’expliquer comment elle arrive. C’est déjà beaucoup n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas assez.
Aussi les infatigables travailleurs qui tourmentent sans cesse la nature pour lui arracher ses secrets les plus intimes, ne désespèrent pas de mettre la main sur la clef de ce mystère. […]
En 1888, le séismographe annonçait quelques heures d’avance l’irruption de l’Etna. Nul doute qu’avec des perfectionnements on puisse être un jour informé des tremblements de terre assez à l’avance pour mettre les populations en garde.
L’inventeur ne sera-t-il pas un des plus grands bienfaiteurs de l’humanité ? […]
On sait que la terre n’est qu’une immense bouilloire remplie de matières incandescentes, sans cesse en ébullition et produisant des masses de gaz et de vapeurs.
La croûte extérieure, d’une épaisseur de 30 milles environ [66 kilomètres], emprisonne le tout.
Arrive une explosion, vous comprenez que cette croûte ébranlée s’enfonce ou s’élève, se crevasse, se fendille, pour donner issue aux gaz en travail à l’intérieur.
C’est ainsi que de nouveaux volcans sont formés, que des villes entières sont rasées ou disparaissent dans des abîmes improvisés.
Quelquefois des îles surgissent de la mer, d’autres s’effacent, des volcans éteints depuis des siècles se remettent à vomir des torrents de larve, de pierres et de feu.
Les tremblements de terre, les éruptions volcaniques ne sont donc pas autre chose que les secousses plus ou moins violentes, imprimées à la surface du globe par des gaz comprimés à l’intérieur et s’efforçant de trouver une issue.
Mais quelle est la cause déterminante des grands tremblements de terre si désastreux dont parle l’histoire, des éruptions du sol, etc. ?
Est-ce que les éclipses, la plus ou moins grande pression de l’air, les influences qui agissent sur les marées, ne pourraient être considérées comme productrices de ces phénomènes ? […]
Le capitaine [Frédéric-Antoine] Chapel, dans son remarquable ouvrage sur les astéroïdes, émet l’opinion, partagée du reste par un grand nombre de savants de toutes les époques, que les tremblements de terre ainsi que les autres perturbations météorologiques sont presque toujours suivis ou accompagnés d’épidémies.
Cet auteur fait une longue énumération des tremblements de terre qui ont coincidé avec les épidémies depuis l’an 30 avant J. C. jusqu’à nos jours. Partant de là et des coïncidences qu’il établit également entre les apparitions épidémiques et les perturbations atmosphériques, il conclut que l’origine des épidémies est essentiellement météorologique.
C’est peut-être pour cela que les anciens avaient pour dicton qu’un malheur ne vient jamais seul. Après un tremblement de terre, un ouragan ou un cyclone, la peste, le choléra, le typhus.