Où s’en va-t-on ?
Dans l’hebdomadaire L’Écho des Bois-Francs du 18 août 1894, publié à Arthabaska, le chroniqueur y va d’un texte de son cru où il se désole.
Autrefois, à la fin d’une journée laborieusement passée, la famille se réunissait, l’hiver au coin du feu, l’été sur le seuil de la maison paternelle, et l’on passait agréablement quelques heures à lire ou à discuter paisiblement.
Aujourd’hui, on a l’air de se fuir, on se disperse immédiatement après le souper et chacun va de son côté. Les «vieux» passeront souvent dans un isolement pénible les heures de la veillée. Plus de lectures, plus de causeries instructives et morales, plus de vie de famille !
On va veiller n’importe où, se promener avec n’importe qui, loin de l’œil vigilant du père et de la mère. Il n’y a plus d’enfants. Les petites filles de quatorze ou quinze ans n’ont plus rien à apprendre et les garçons du même âge en savent plus long que leurs parents.
Si l’orgueil et les prétentions donnaient le mérite, la société actuelle atteindrait bientôt le comble de la perfection. Malheureusement, il n’en est pas ainsi et nous faisons du progrès à rebours.
À Péribonka, au lac Saint-Jean, sur la galerie de la maison paternelle d’Eva Bouchard, vers 1920, on dit une prière avant les semailles. Cette photographie est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Photographies, cote : P600, S6, D5, P535.