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Au fond, la place de la femme est au foyer

secretaireautravailaugouvernement

À la fin des années 1880, on a entrepris une campagne «contre les femmes employées dans le service civil». Le 14 août 1891, l’hebdomadaire La Tribune, dans ce qui tiendrait lieu aujourd’hui de la page éditoriale, qui exprime la pensée du propriétaire du journal, s’empresse de prendre parti pour la fin du travail des femmes comme fonctionnaires de l’État.

D’après notre expérience, d’après ce que nous avons vu, l’existence d’une femme employée du service civil n’est pas celle qui est propre à son sexe et pour des raisons multiples.

En laissant de côté les questions de moralité et de bienséance, nous en trouvons bien d’autres qui militent contre leur emploi dans le service civil.

D’abord, on ne retrouve pas dans les factoreries cette promiscuité qui existe dans les bureaux du gouvernement, où hommes et femmes travaillent ensemble.

Et les choses en sont rendues à un point que toute femme qui travaille pour le gouvernement perd aux yeux du public une grande partie de sa dignité. […]

Puis, l’existence de ces femmes n’est pas aussi aisée qu’on pourrait le croire; et si elles aiment cette existence, si elles y sont attachées, c’est plus par orgueil que par autre sentiment. Supposons qu’elles gagnent $2.00 par jour, c’est un joli salaire n’est-ce pas pour une femme ou une fille ? Eh bien, au bout de l’année, la femme ou la fille aura dépensé $600; elle n’aura pas économisé un sou; bien plus, elle aura des dettes.

Sa position, voyez-vous, l’oblige à porter de la toilette; à rivaliser avec ses compagnes de bureau; elle veut avoir une pension qui lui coûte $35 à $40 par mois — ces chiffres sont exacts — enfin elle veut mener la vie de grande dame — c’est la règle générale à laquelle nous ne voyons que de rares exceptions.

C’est pourquoi nous affirmons ici que la petite ouvrière en chapeaux, la jeune fille employée comme commis de magasin, la modiste, etc., sont souvent mieux avec leur petit salaire de $4 à $5 par semaine que l’employée du service civil avec ses $60 par mois.

Ah ! si encore l’on n’employait à Ottawa que des femmes nécessiteuses, dont le caractère serait inattaquable; si le motif qui fait entrer une jeune fille ou une femme dans le service civil était le besoin et non l’amitié d’un ministre; si ces employées faisaient vivre des familles au lieu d’être des idoles du luxe et de la mode…..

Mais hélas ! tant de choses scandaleuses sont si souvent venues démontrer que l’emploi des femmes dans le service civil devrait être aboli ! […]

Nous ne désirons pas que l’on renvoie les femmes qui sont actuellement employées, mais que celles qui partent ne soient pas remplacées par d’autres femmes.

De cette façon, les femmes disparaîtront insensiblement du service civil, et avec elles nombre de malheureux incidents qui ne militent en aucune façon en faveur de la moralité au Canada !

Ajoutons que les femmes y gagneront : c’est drôle, mais c’est vrai, les jeunes filles employées au gouvernement ne se marient pas, à de rares exceptions.

Du reste, la place de la femme est au foyer. C’est là que, jeune fille, elle doit attendre l’homme qui l’aidera à remplir sa véritable mission ici-bas. La Providence veille sur elle et, si elle a reçu une éducation chrétienne, elle ne doit rien craindre. C’est à ce foyer qu’elle se dévouera plus tard à faire le bonheur de son mari et à l’instruction de ses enfants.

 

L’image de cette secrétaire au travail à l’emploi du ministère des Transports du Québec est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec Vieux-Montréal, Fonds ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Office du film du Québec, Document traités (support 35 mm en cours de numérisation), cote : E6, S7, SS1, D730065.

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