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Une station balnéaire pour enfants en plein cœur de Montréal ?

Il arrive que certains articles de la presse québécoise d’autrefois fassent rêver. En voici un dans l’Album universel du 2 août 1902 sous le titre «Un grand projet».

Ceux de nos lecteurs qui ont visité Buffalo ont pu remarquer en cette ville, dans une de ses places publiques, un bassin de quelques centaines de pieds de long, dans lequel les enfants, en costume de plage, prennent leurs ébats sous l’œil de leurs mamans ou de leurs bonnes. Impossible de concevoir plus joli spectacle.

Et que dire de la vertu hygiénique d’un pareil système ! Elle est bien comprise des enfants, qui n’aiment rien tant que barboter comme des canards, dans toutes les mares d’eau qui se trouvent sur leur chemin.

Pas plus tard que jeudi, raconte notre confrère du «Montreal Gazette», huit petits guénilloux, apparemment sortis d’une cour à charbon, et noirs comme des négrillons, se sont précipités tout habillés dans le bassin de la place Victoria. Un œil à la toilette et l’autre à la police qui pouvait rôder aux alentours, les petits baigneurs s’en sont donné, cinq minutes durant, à se jeter de l’eau les uns aux autres et à s’immerger à qui mieux mieux. Au sortir du bain, quelques cabrioles sur les pelouses, et en route pour de nouvelles aventures.

C’est entendu, le goût de la balnéation est inhérent au jeune âge, et les autorités municipales de Buffalo — pour ne citer qu’une ville à proximité de nous — donnent aux intéressés le moyen de le satisfaire facilement dans les grands bassins de leur squares publics. Que ne fait-on de même à Montréal ?

Notre artiste a constitué, de chic, en la page 328 du numéro de ce jour, le spectacle qu’offrirait, par exemple, le bassin du square Saint-Louis, si on l’aménageait en station balnéaire pour les enfants. Il suffirait d’y mettre un fond de gravois, pour n’y laisser que deux pieds d’eau, et de disposer, tout autour, des petites guérites où les enfants pourraient endosser leur costume de bain.

À l’heure qu’il est, les bassins de nos squares ne sont que de sales crapaudières; leur transformation en bains publics pour les enfants en ferait de véritables fontaines de Jouvence.

 

La gravure de l’artiste Paul Caron est parue dans l’Album universel du 2 août 1902. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Square Saint-Louis (Montréal, Québec)».

Paul Caron (1874-1941), de son vrai nom Paul Archibald Caron, aquarelliste, dessinateur, fut l’élève de William Brymner (1855-1925), Maurice Cullen (1866-1934) et Edmond Dyonnet (1859-1954), et il a longtemps été illustrateur à La Presse et au Montreal Star.

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