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Pas facile la vie d’enfant dans une ville comme Montréal en 1900

Beaucoup meurent, l’été. Dans l’Album universel du 28 juillet 1906, Léon d’Ornano nous parle des «méfaits de la chaleur». Mais il y a plus.

Il serait banal de vous faire remarquer que le thermomètre monte, monte, de façon décourageante. Même à la campagne, la température estivale de cette année fait sentir ses rigueurs, et, s’il ne pleut pas, la sécheresse compromettra nos récoltes. Mais ce sont là les moindres maux de la canicule de 1906, car la mort en fait son outil pour décimer la population infantile.

Déjà, mi-juillet, nous lisions dans un journal du soir :

«Cette semaine, la chaleur et le manque d’hygiène ont tué 138 enfants au-dessous de cinq ans. Ces deuils se sont surtout produits dans les familles canadiennes-françaises, comme le montre le rapport du bureau de santé.

«Durant la semaine dernière, 184 personnes sont mortes à Montréal, dont 172 chez les catholiques, 10 chez les protestants, et 2 chez les Juifs. Les causes principales de la mortalité ont été les suivantes : 2 cas de fièvre typhoïde, 2 de rougeole, 3 de coqueluche, 2 de diphtérie, 13 de phtisie, 1 de bronchite, 8 de broncho-pneumonie, 97 de diarrhée infantile [ce que nos mères appelaient les maux d’été], et le reste de maladies de nature diverses.

«Pendant le même laps de temps se produisirent 161 naissances : 74 pour le sexe masculin, 87 pour le sexe féminin.»

Dans la huitaine, comme on le voit, les décès l’ont donc emporté sur les naissances. Or, entre nous, il n’y a rien d’étonnant à cela, si nous tenons compte des conditions de l’existence à Montréal, parfois très défectueuses dans certains quartiers populeux, non seulement quant aux adultes, mais, particulièrement, quant aux enfants.

Nos chaussées poussiéreuses, l’eau que nous sert notre aqueduc — malgré les efforts qu’il fait pour donner satisfaction au public — l’étroitesse d’aucunes des vieilles rues de la métropole sont autant de sources d’insalubrité. Que, si à ces causes publiques de maladies, on ajoute la négligence de certaines ménagères, le peu de propreté de leur intérieur, l’incurie qu’elles manifestent vis-à-vis de leurs bébés, on comprend mieux le pourquoi des navrantes listes du genre de celle que nous venons de citer.

La saison chaude se prête à la propagation de toutes sortes de maux. Non seulement elle multiplie et facilite le transport des miasmes, mais, en outre, elle énerve les masses, qui devraient alors lutter sans relâche pour éviter les épidémies. Pendant l’été, les autorités, les gens instruits, le peuple, enfin plus raisonnable, parviendront bientôt, espérons-le, à observer ou à faire observer les lois de l’hygiène. Un peu de propreté à domicile, et dans la rue, y contribuerait pour beaucoup, c’est à ce constant souci que nous devrons de voir diminuer la triste énumération des disparus de la belle saison.

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