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Le charme de Boston

La librairie Old Corner Book Store

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L’été, les vacances. Pourquoi pas un voyage en Nouvelle-Angleterre ? Le 14 juillet 1890, celui qui signe Franco-Américain propose un texte à La Patrie sur les «ressources rafraîchissantes et récréatives» de Boston en été. Le journal publie sa lettre quatre jours plus tard. Extraits.

Disons d’abord que notre cité n’est pas à fuir pendant cette saison, comme le sont New-York, Philadelphie, Washington et même Chicago, à en juger par la température sénégalienne dont elle a été gratifiée dernièrement. On peut très bien passer ici les grandes chaleurs, et cela d’une manière aussi agréable, en somme, que dans maints hôtels ou maisons de pension au bord de la mer. […]

Il faut bien payer de temps en temps son tribut à l’été et subir un ou deux jours de chaleur excessive, mais on en prend facilement son parti en se déclarant en vacances et en s’abandonnant, avec la meilleure conscience du monde, au far niente. […] Puis, la mer est là tout près de chacun de nous. Dans un quart d’heure, moyennant cinq cents, l’habitant du centre de la ville peut aller la contempler, respirer les brises fortifiantes qu’elle envoie à la terre, ou aller se plonger dans ses ondes, généralement tranquilles et toujours fortifiantes.

Mais ce n’est pas tout. À ces diverses ressources rafraîchissantes, nous ajoutons les promenades sur «l’élément qui bouge». Voulez-vous vous échapper à la poussière des rues, alors montez sur un vapeur, et lavez-vous en pleine mer. Rien n’est plus facile, car plusieurs vaisseaux partent de nos quais, tous les matins, pour d’agréables excursions.

Après avoir perdu de vue les côtes et contemplé le ciel et l’eau, vous pourrez le soir revenir sous votre toit, restaurés, fortifiés physiquement et par suite moralement aussi, plus contents de votre sort, plus bienveillants envers vos semblables. […]

On me demandera peut-être quels sont nos lieux d’amusement pendant cette saison. Je répondrai à cette question que cinq des sept grand théâtres de Boston sont fermés, mais qu’il y a deux petites salles de spectacle toujours ouvertes, outre quatre «Dime Museums», que les gens du peuple trouvent quelque plaisir [sic]. Mais ce qui attire les foules en ce moment, c’est une grande pièce à tableaux, intitulée : The Fall of Babylon, montée à grands frais par le célèbre Barnum et un certain dramaturge, qui s’est fait un nom aux États-Unis. […]

Il est d’autres avantages à Boston, dont tout le monde peut jouir et que les lettrés apprécient tout particulièrement. Ce sont ceux que présente notre bibliothèque publique avec ses cinq cent mille volumes. Toutes les villes et un grand nombre de villages, aux États-Unis, possèdent des bibliothèques plus ou moins accessibles à ses habitants, mais l’Athènes de l’Amérique se distingue par sa générosité à cet égard.

Jugez-en vous-même : Toute personne au-dessus de 15 ans, demeurant ici, a droit, non seulement d’aller lire les journaux, les magazines et les revues dans l’une de ses trois salles de lecture et de travail, mais peut emporter chez soi deux volumes qu’elle peut garder 15 jours. On n’exige aucun dépôt, comme cela se pratique ailleurs, au moins dans les grands centres. Et, de plus, on est considéré résidant dès qu’on a loué une chambre à la semaine et qu’on paraît installé pour quelque temps. […]

Enfin, un homme jouissant de quelque réputation littéraire n’a qu’à indiquer au bibliothécaire les ouvrages dont il a besoin, on les lui fait venir; au bout de quatre ou cinq semaines, il reçoit une communication l’informant que les volumes désirés sont gardés à sa disposition trois jours, après lesquels seulement ils sont mis dans la circulation générale.

Avec de telles ressources, M. le Directeur, il faudrait être bien difficile et ingrat pour se plaindre d’avoir à passer l’été dans une ville aussi favorisée que l’est celle d’où je vous écris.

 

L’illustration ci-haut est celle du Old Corner Book Store. On répète que Ralph Waldo Emerson (1803-1882), Henry David Thoreau (1817-1862), Henry Longfellow (1807-1882), Oliver Wendell Holmes (1809-1894) et James Russell Lowell (1819-1891) aimaient se retrouver dans cette librairie.

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