« Ne t’en va pas ! »
Auguste Charbonnier (1859-1920) a traversé le temps sans laisser beaucoup de traces. J’arrive à voir qu’il écrivait des nouvelles, des poèmes et composait des chansonnettes.
Nous savons aussi qu’il a fait des accompagnements pour piano. Dans la presse québécoise plus que centenaire, je vois surgir son nom à l’occasion, mais sans guère de détails sur lui. Le 20 février 1904, le quotidien montréalais La Presse publie même une bande dessinée originale, dont il est l’auteur.
On dirait qu’il est une sorte d’oublié de l’histoire. Chose certaine, il m’apparaît être un homme d’une grande sensibilité, demeuré jeune toute sa vie.
Allez, coup de chapeau à ce cher Charbonnier. Une chansonnette dédiée à sa «Filleule Cécile aux Pervenches».
Ne t’en va pas !
1er couplet
Un insecte aux ailes superbes,
Un diaphane papillon,
S’en allait dans les hautes herbes,
Traçant comme un léger sillon.
Refrain
C’est le Bonheur qui passe,
Sans s’arrêter, hélas !
Beau papillon, de grâce,
Ne t’en vas pas !
2e couplet
Il se penchait, puis en cadence
Reprenait son joyeux essor,
Et poursuivait sa folle danse,
Sur les fleurs s’abaissant encor.
3e couplet
La Marguerite un peu confuse
Riait un peu, tout doucement.
La Rose disait : « Il s’amuse;
Autant en emporte le vent ! »
4e couplet
Le soir, il trouva sur la mousse
Un Myosotis qui, tout bas,
Lui parla d’une voix bien douce :
« Je sais aimer, ne t’en va pas ! »
5e couplet
Le papillon ferma son aile
À ce tendre et timide aveu,
Et tout un jour resta fidèle
À la fleur au regard tout bleu.
6e couplet
Tel le bonheur de porte en porte
S’en va frapper, comme en jouant,
Ce qu’il offre ou ce qu’il apporte
Paraît parfois peu séduisant.
7e couplet
L’un sourit, l’autre dit : « Qu’importe ! »
— Le Bonheur passe son chemin
Sans trouver parfois une porte
Où quelqu’un lui tende la main.
8e couplet
Puis enfin, repliant son aile,
Il s’arrête souvent bien las…
Le Bonheur ne reste fidèle
Qu’au cœur qui dit : « Ne t’en vas pas ! »
Extrait de l’ouvrage d’Auguste Charbonnier, Échos du Mont-Royal (Montréal, 1905, 127 pages).
J’ai interrogé mon ami Google et j’ai trouvé quelques liens reliés à ce monsieur Charbonnier dont j’ignorais totalement l’existence. J’y ai trouvé ce qui suit(il semble n’exister que deux recueils, celui que vous présentez et cet autre), on peut ‘tourner » les pages en cliquant sur la flèche qui se trouvera en bas à droite de l’écran…
https://archive.org/stream/cihm_71115#page/n5/mode/2up
Selon ce que j’ai pu trouver ailleurs, il a publié régulièrement dans le périodique « Le Passe-Temps », des chroniques sur l’art de composer la musique(en nombreuses leçons et très détaillées !) et dans ce même périodique, on a présenté plusieurs de ses compositions(chansonnettes ou pièces musicales).
http://iris.banq.qc.ca/alswww2.dll/Obj_1500201405824914?Style=Portal3&SubStyle=&Lang=FRE&ResponseEncoding=utf-8&Method=FirstPage&PageSize=10
71 pages sur ce second lien… Je n’ai pas tout regardé ! Pour tout ce qui a été publié dans Le Passe-Temps, on peut avoir accès aux pages en cliquant sur le titre, en bleu, cela nous mène aux documents à visionner…
Merci beaucoup, chère Esther.
Monsieur Noël Charbonnier nous fait parvenir ces lignes sur son grand-père :
Commentaire :
Merci à vous deux, Esther ainsi qu’à Jean Provencher pour avoir dépoussiéré quelque peu mon grand-père Auguste en lisant vos commentaires sur lui. Il aurait été fier comme moi je le fus lorsque je vous ai lus. J’ai parcouru presque toutes ses œuvres, sauf peut-être la chansonnette qui m’a démontré une fois de plus son grand talent de poète. Je ne l’ai malheureusement pas connu et je trouve ça très dommage. D’après le peu que je sache de mon père (Adalbert), vrai qu’il a toujours gardé son esprit jeune au cœur sensible. Instruit jusqu’au bout des ongles, il enseignait le français, la musique, la poésie, le piano, la littérature, les mathématiques, la musique, versification, préparation aux examens, cours privés en lettres, sciences. C’est ainsi qu’il s’annonce sur une page du Passe-Temps du 27 novembre 1909, son bureau au 56 Parc Lafontaine, Montréal, dont je conserve l’exemplaire. À l’endos, petit espace publicitaire de «Les Échos du Mont-Royal». Sa chronique sous le pseudonyme de Jean Pic «Bravo Mademoiselle!», un vrai bijou, sur une seconde page du Passe-Temps le 3 octobre 1908. Grand-père Charbonnier travaillait aussi à La Presse et signait une bande dessinée, c’est lui d’ailleurs l’inventeur de la bulle à dialogues. En plus, également sa chronique au même quotidien sous le nom de plume de «Papa Gâteau» qui s’adressait je crois, aux enfants. Parti de son coin de France, il vint s’établir à Montréal qu’il adorait, rencontra une Québécoise de Victoriaville qu’il épousa et fonda sa famille dans la métropole : 4 garçons, 1 filles. Il y en aurait encore long à dire car sans le connaître je l’admirais beaucoup. C’est exact qu’on ne lui a pas rendu le crédit qu’il méritait. J’apprécie quand même la peine que vous avez prise pour le faire connaître davantage.
Merci beaucoup, cher Monsieur Charbonnier, pour toutes ces informations sur votre cher grand-père.
Pour moi c’est mon arrière grand père coté ma mère et cela de tout ce que je découvre de lui me fascine car il a fait beaucoup de plus quel dommage qu’il ne soit pas été plus reconnu comme un homme de grand savoir et super pour le vrai Français.
Vu que depuis plusieurs années le français a perdu des plumes malheureusement.
Pour moi je suis très fière d’avoir un arrière grand père qui a su démontré autant de talents car de plus la vie dans ce temps là n’était facile .
Merci de vos commentaires à tous.
Merci beaucoup, chère France, de ce témoignage précieux !
Ce n’est que ce soir, presque 5 ans plus tard, que je découvre la longue réponse de Monsieur Noël Charbonnier… Que d’informations détaillées et intéressantes au sujet de son ancêtre Auguste ! Vraiment un homme qui a beaucoup fait !
Vous avez mille raisons d’en être fière, dame France Filippi. :-)
Wow ! Nouvelles découvertes concernant mon arrière-grand-père paternel Auguste Charbonnier ! Merci beaucoup d’avoir publié ces informations historiques !
Claudette Charbonnier-Dallaire
Je suis tellement heureux de votre propos, chère Claudette !
Je Vous remercie pour lui, ce cher homme !