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Tout à l’heure, j’ai bien cru au Monarque

Les papillons adorent le beau temps chaud. Ils ne sont jamais aussi nombreux. Voilà un moment, bien à l’ombre sur la galerie, je vois passer celui-ci. Ô le Monarque ! Je le suis lentement, espérant qu’il finisse par se poser. Il s’arrête sur le bout séché d’une branche de pommier.

Ce n’est pas le Monarque, mais plutôt un gros Vice-roi ou Mimique (Limentis archippus, Viceroy, Mimic). Seule une ligne noire postmédiane traversant ses ailes postérieures le distingue du Monarque. Comestible pour les oiseaux, alors que le Monarque ne l’est pas, il a développé au fil des siècles cette ruse vestimentaire pour sa protection. Savoureux, il peut aller ça et là à sa guise, nul oiseau n’a envie d’y toucher.

Dans son guide d’identification Les Papillons du Québec (Broquet, 2011, p. 184), Louis Handfield dit qu’il fréquente les endroits ouverts et humides parsemés d’arbustes et de fleurs (surtout les fleurs de Composées), de même que les champs abandonnés, les prairies et l’orée des boisés.

Au sujet de ce qu’il appelle ce mimétisme batésien, il affirme que c’est là le seul exemple de ce type au Québec. «On parle de mimétisme batésien lorsqu’une espèce comestible, en ce sens qu’elle peut être consommée par des prédateurs tels les oiseaux, est protégée grâce à sa grande ressemblance avec une espèce non comestible. […] Les prédateurs apprennent ainsi plus rapidement à associer le mauvais goût aux couleurs et formes de l’espèce non comestible

C’est un papillon peu farouche, souvent observé sur les fleurs, dont le vol très lent ressemble beaucoup à celui du Monarque. «Il aime les endroits humides ou boueux sur les chemins sablonneux et il est attiré par les fruits en décomposition, la sève s’écoulant des blessures aux arbres et la miellée. Le papillon ne vole pas beaucoup, aimant prendre du soleil les ailes ouvertes sur les chemins de terre ou demeurer les ailes fermées sur le bout des branches des petits arbres isolés. […] Archippus était un poète dans la Grèce antique.»

Ce papillon-ci n’est pas dans sa prime jeunesse. Ses couleurs commencent à se délaver, la ligne noire postmédiane est moins affirmée et on aperçoit quelques échancrures en bordure de ses ailes.

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