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La vie sur Mars

Un astronome français est certain, il y a de la vie sur Mars. Bien plus, ses habitants se livrent à de grands travaux. Mais le journaliste Léon Ledieu, du journal Le Monde illustré du 2 juin 1888, qui commente l’affaire, nous met en garde.

J’ignore s’il y a des mouchards dans la planète de Mars, il est possible que nous le sachions bientôt, car M. Perrotin, astronome français, vient d’annoncer à l’Académie des sciences qu’il était certain que cette boule était habitée tout comme la terre, qu’elle avait de nombreux canaux et que l’on était encore en train d’en creuser de nouveau en ce moment.

Il paraît que le percement des isthmes de Suez et de Panama ne sont que des jeux d’enfants à côté des travaux que l’on exécute là-bas.

Que Mars soit habité, je n’y vois aucun inconvénient, car je suis parfaitement d’avis que tous ces mondes que nous voyons rouler dans l’espace doivent avoir leurs habitants, rien ne s’oppose à cette supposition et tout le justifie, mais ce que je crains c’est que, comme on l’a déjà proposé, nos savants ne s’avisent de se mettre en relations suivies avec les êtres des planètes voisines de la terre.

Et si j’exprime ainsi cette crainte, c’est que je trouve que nous avons assez d’affaires et de discussions sur les bras chez nous, sans chercher à nous susciter d’autres embarras qui ne manqueront pas de nous arriver quand les habitants de Mars, les Marsouins, viendront nous chercher chicane à propos d’un article de journal qui aura mal parlé d’eux ou au sujet de n’importe quelle peccadille.

Il est certain qu’après avoir échangé d’abord tous les salamalecs possibles nous ne tarderions pas à nous brouiller et, un beau matin, on n’aurait plus rien de plus pressé à faire que de s’envoyer des projectiles quelconques dans le but de s’entredétruire, et alors nous aurions un nouveau département d’affaires étrangères dont la direction ne serait pas des plus faciles à manier.

Supposez par exemple que la construction du pont de Québec [on débat alors de la construction d’un pont à Québec entre les deux rives du Saint-Laurent] déplaise aux susdits Marsouins, comme elle déplait déjà, dit-on, à certains bipèdes terriens, il est probable qu’ils trouveraient aussitôt les moyens d’en empêcher la construction, par quelque artifice d’eux seuls connu, et cela nous occasionnerait beaucoup d’ennuis.

Les exemples fourmillent.

Restons chacun chez nous et que M. Perrotin laisse tranquille les habitants des planètes.

Les disciples de Mars ont la réputation d’humeur très batailleuse et nous préférons la paix.

 

On se questionnera en 1909 au sujet d’une vie possible sur Mars.

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