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Un électeur mécontent de Laurier

Wilfrid Laurier

Wilfrid Laurier

 

En 1897, alors que la reine Victoria est au pouvoir depuis 60 ans, Londres organise une fête pour ce jubilé de diamant royal et tient une conférence où les dominions et la mère patrie pourraient discuter de la place et du rôle des colonies dans l’Empire.

L’historien Réal Bélanger, le biographe du premier ministre canadien Wilfrid Laurier dans le Dictionnaire biographique du Canada, écrit : Pour la première fois, Laurier se rendit en Angleterre. Il y fut couvert d’honneurs, de diplômes honorifiques, de médailles diverses, devint même sir le 22 juin. Il parada magnifiquement, avec Zoé, dans les rues de Londres, juste derrière la reine, en tête de tous les représentants des dominions. Laurier parla aussi, au début de son voyage, souvent comme le désiraient les impérialistes. Ainsi, à Londres le 18 juin, il affirma : « Si un jour l’Angleterre [vient] à être en danger, que le clairon sonne et […] malgré la faiblesse de [leurs] moyens, les colonies voleront à son secours. »

Dans les Bois-Francs, un citoyen de Ham-Nord est fort mécontent des déclarations de Laurier. Le correspondant de L’Écho des Bois-Francs du 26 juin 1897 reproduit ses dires. Attention, on nous les propose écrits au son, aussi faut-il les prononcer à voix haute pour mieux les comprendre.

Un vieil habitant à qui je lisais des extraits des discours où le patriotisme et la loyauté des Canadiens-Français envers la Couronne britannique sont exaltés à outrance, m’a donné son opinion sur la valeur de ces protestations et a laissé entrevoir aussi un peu la raison de la froideur, au moins apparente, de bien des Canayens à l’endroit de Notre Gracieuse Souveraine pendant les dernières fêtes. Je crois devoir citer ses paroles, malgré leur franche mais énergique crudité. Je vous les donne pour ce qu’elles valent. Libre à chacun de les interpréter comme il l’entendra.

Commentant les dernières déclarations ultra-loyalistes faites au nom du peuple Canadien par l’honorable premier à Londres, le bonhomme s’est écrié avec autant d’indignation que de conviction et de sincérité :

«Ça c’est yuinque pour licher la Reine. Si M. Laurier voulait que les Canayens seillent si portés et si chauds pour elle dans le jubilé, fallait pas qu’y remettre des tasques sû la boisson…. Pendant qu’y y est avec la Reine, elle devrait ben gui défende de retasquer le whiskey, pi y dire de les ôter toutes les tasques là-dessus ; ça serait ben mieux…..

«M. Laurier y s’en sac…. Lui asteurrre y est dans les vieux pays iousse qui font toute la boisson cachetée, pi son gouvernement qui est par icitte, qui boué comme un bon — à nos dépens la boisson — poure rien — pi tasque, tasque la boisson !!…. pi nous autres, dans Hemme, quand on n’a pas besoin y a pas moyen d’en rejoinde….. Vous savez ça comme moé…»

En effet, je savais ça comme lui.
Honni soit qui mal y pense.

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