Que se passe-t-il donc un 16 mai ?
Tournons quelques pages des journaux québécois plus que centenaires. Voyons la couleur du jour, le 16 mai.
À Québec. «Nous sommes depuis hier matin en temps de Rogations. La procession ordinaire a lieu le matin à 6 ½ heures. Elles se terminent demain. Pendant ces trois jours, l’Église invite les fidèles à prier Dieu qu’il bénisse les biens de la terre.» Le Canadien, 16 mai 1882.
À Saint-Hyacinthe. «Lundi soir, un jeune Allard, âgé de 12 ans, s’étant endormi dans l’église pendant l’office du mois de Marie, ne s’est réveillé que vers 9 heures, pour trouver les portes fermées, à son grand effroi. Ne sachant que faire, le jeune homme s’est avisé de sonner les cloches et appeler ainsi au secours. On peut imaginer la joie du jeune reclus lorsqu’on est venu lui ouvrir.» Le Canadien, 16 mai 1884.
À Québec. «Les artistes de rues. Avec le printemps, nous sont revenus les orgues de barbarie, les pianos mécaniques, les harpistes et violonistes, et maître Martin, dont la langue longue comme ça sert à débarbouiller son maître. Détail curieux, un marmot est juché à côté d’un piano mécanique dans une boîte qui lui sert de berceau. Si celui-là ne fait pas un musicien, il pourrait bien devenir fou.» Le Canadien, 16 mai 1887
À Saint-Hyacinthe. «Belle chasse. M. Hector Morin a tué d’un coup de fusil le 9 courant un aigle dont les ailes mesuraient six pieds d’envergure. [….] Pêche au fusil. M. Lessard, forgeron de cette ville, a tué dimanche d’un coup de fusil un poisson du poids de 24 ½ lbs. Ne pas confondre ce prodigieux poisson avec un canard.» La Tribune, 16 mai 1890.
À Montréal. «Le tableau célèbre du peintre français, Millet, l’Angélus, qui a coûté au delà de $100,000, sera exposé demain samedi et les jours suivants aux salles de l’Association des Arts de Montréal, Place Phillips. Chacun doit s’empresser d’aller voir ce tableau célèbre, car c’est une occasion unique.» La Patrie, 16 mai 1890.
«Des bardes irlandais sont arrivés à Québec. L’un d’eux, très bien vêtu et possédant une jolie voix, parcourait hier les rues de la ville en chantant les romances de son pays.» Le Quotidien (Lévis), 16 mai 1895.
À Québec, on annonce les résultats du concours de dames qui s’est tenu pendant quelques semaines. Le grand vainqueur est D. Turgeon qui a gagné 164 parties et perdu 31. Le second, S. Cameron, en a gagné 145 et perdu 50. Ce Cameron est le seul des 14 participants à posséder un nom à consonance anglaise. Est-ce à dire que le jeu de dames plaît davantage aux citoyens de langue française à Québec ? Le Quotidien (Lévis), 16 mai 1895.
À Berthierville. «À la dernière séance du conseil de ville, on a introduit un règlement aux fins d’empêcher la vente des viandes et autres provisions dans les rues.» La Patrie, 16 mai 1898.
À Berthierville toujours. «La ville et la paroisse ont définitivement décidé d’acheter une machine à chemins.» La Patrie, 16 mai 1898.
«Sorel expédie environ 1,000 paquets de poissons par semaine, à Montréal, et le vendredi il est impossible d’en trouver un seul paquet pour la consommation locale.» La Patrie, 16 mai 1898.
«Trois cents menuisiers, charpentiers, forgerons, etc., travaillent de ce temps-ci au chantier du gouvernement à St-Joseph de Sorel. Ils sont occupés à la construction de deux remorqueurs, un dragueur de fortes dimensions et un chaland.» La Patrie, 16 mai 1898.
À Sorel. «De la nombreuse flotte du gouvernement qui a hiverné dans notre port, il ne reste plus que quelques chalands, les dragueurs Nos. 8 et 12, et le Laval. Tous les autres bâtiments sont éparpillés sur le fleuve pour faire le creusement du chenal entre Montréal et Québec.» La Patrie, 16 mai 1898.
Dans le port de Montréal, au-dessus de l’édifice du bureau des commissaires du havre, il y a une «boule électrique qui donne en tombant le signal du midi». «La descente de cette boule […] est visible dans toutes les parties du port et permet aux marins de prendre le temps chronométrique.» La Patrie, 16 mai 1898.
À Québec, au marché de la basse-ville. «Depuis l’ouverture du service des bateaux cabotiers, les cultivateurs des paroisses environnantes viennent en plus grand nombre à la ville, et on le constatait aisément ce matin, devant la foule de braves campagnards qui se tenaient sur le marché.» Le Soleil, 16 mai 1908.
À Québec, dans le quartier Saint-Sauveur. «C’est le 28 juin prochain que doit avoir lieu le dévoilement du monument du Sacré-Cœur. Pour l’occasion, on prépare des fêtes grandioses qui marqueront une belle page dans les annales de la paroisse. On a décidé d’organiser un puissant chœur de chant pour l’exécution du programme musical. […] Le superbe cantique « Nous voulons Dieu » chanté avec si grand succès à Lourdes et à Rome, par des milliers de pèlerins, mérite d’être bien chanté ici, au dévoilement de ce monument dû à la générosité des ouvriers et de personnes charitables.» Le Soleil, 16 mai 1908. Voilà que commence à se développer la dévotion du Sacré-Cœur dans la grande région de Québec.
À Québec, toujours dans le quartier Saint-Sauveur. « Le gardien du cimetière de la paroisse a commencé le nettoyage du printemps. Les fosses et terrains où tant des nôtres dorment leur dernier sommeil sont enjolivés et soigneusement sarclés en attendant qu’on y plante des fleurs. Le culte des disparus est bien vivaces chez nous et l’on ne peut trop louer les paroissiens de bien entretenir ce champ des morts.» Le Soleil, 16 mai 1908.
À Québec, dans le faubourg Saint-Roch. «On nous apprend que certains écoliers, les plus âgés, ont conçu le projet de fonder dans la paroisse une ligue contre la cigarette. Nous ne pouvons qu’applaudir de toutes nos forces et promettre aux promoteurs du projet tout notre concours. Il est vraiment temps que nos jeunes écoliers et jeunes gens se lancent dans ce mouvement dont les résultats obtenus ailleurs sont satisfaisants. Les parents devraient favoriser l’entreprise qui mérite de réussir.» Le Soleil, 16 mai 1908.
Ci-haut, une musicienne de rue bien sûr, à Québec.