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Un oiseau vite reconnu par son chant

Depuis hier, le Bruant à gorge blanche (Zonotrichia albicollis, White-throated Sparrow) y va régulièrement de son chant si caractéristique. On l’identifie rapidement d’ailleurs par ce chant. Aussi tend-on tout de suite le regard en direction du lieu d’où vient cette ritournelle, espérant l’observer.

Le naturaliste Claude Mélançon, dans Charmants voisins (1940), écrit à ce sujet :

Ce frigille qui porte une demi lune sous le menton est chez nous un privilégié : il a échappé à l’anonymat. Alors que tant d’oiseaux plus brillamment vêtus sont encore affublés de l’appellation générique et méprisante de moineau, il a reçu un nom vulgaire aussi pittoresque que peu descriptif.

Cette faveur il la doit à son chant d’amour dans lequel nos bûcherons et nos paysans ont cru distinguer une onomatopée amusante. L’expression musicale par laquelle le Chingolo entend défier ses rivaux et séduire sa compagne, ils la traduisent par une admonestation que l’oiseau ferait à un personnage imaginaire. De sa voix, claire, qui résonne loin dans le silence des bois, il lui crierait : «Cache ton… (nez?)… Frédéric, Frédéric».

Il est vrai que d’autres, moins portés à ce genre de plaisanteries, entendent : «J’aime bien, Ca-na-da, Ca-na-da.», mais cet hymne patriotique a moins de succès que la petite phrase gauloise. Pour la majorité de nos gens, le Chingolo demeure le P’tit Frédéric. Et l’homme qui portage, le cultivateur qui laboure près du bois, sourient en l’écoutant.

 

P. S. Le Bruant à couronne blanche (Zonotrichia leucophrys, White-crowned Sparrow) est entré hier. Nous y reviendrons.

11 commentaires Publier un commentaire
  1. Ode #

    Mon tour viendra ! J’ai eu la chance d’avoir la visite du moqueur roux ces derniers jours. J’ai pu l’observer longtemps dans le lilas du voisin. Une grosse semaine plus tôt que d’habitude. Il ne reste pas !

    6 mai 2014
  2. Jean Provencher #

    Déjà bien chanceuse êtes-vous, Ode. Chez moi, il se montre à l’occasion, ce bien bel oiseau, mais il n’est pas coutumier. Invariablement, il apparaît comme un cadeau.

    6 mai 2014
  3. Esther #

    Je reviens sur cette publication un peu ancienne car… cet après-midi, avec mon petit-fils Émile de presque 6 ans, j’ai dû procéder à la mise en terre d’un petit bruant de cette espèce… À quelques reprises, chaque saison douce, des oiseaux se frappent aux fenêtres du solarium où se reflètent les grands arbres alentour. La plupart s’en sortent bien, seulement un peu sonnés, mais pour certains, le « coup » a été trop fort pour le « cou »… Triste finale en une si douce journée.
    Par ailleurs, je me dois de souligner le bonheur que j’éprouve à vivre ainsi à l’occasion un petit moment plus intime dans la nature avec un petit-fils, à faire une petite « leçon de choses » improvisée; on bâtit des souvenirs, que je me dis…

    11 mai 2014
  4. Jean Provencher #

    Absolument. Vous faites si bien. Le pire, c’est que vous risquiez de l’intéresser vraiment à la Nature. Et Vous savez ce que j’en pense. Quel cadeau Vous lui feriez !

    Pour vos oiseaux qui se fracassent aux fenêtres de votre solarium parce que c’est l’effet miroir qui joue, je disposerais à votre place une ou deux appliques, pas plus, qui ne nous cachent absolument pas la vue parce que transparentes, mais que les oiseaux aperçoivent. Ça neutralise pour eux l’effet miroir. Chez moi, il m’arrivait de rentrer de Québec et de trouver sur les galeries avant ou arrière un pic, une mésange, un roselin, morts. Et ces appliques ont fait cesser ces tueries sur mes deux galeries.

    L’an passé, en novembre, j’ai vécu une histoire très triste, qui m’a bouleversé, faute d’avoir eu une applique dans ma fenêtre du côté du verger. Cette histoire se trouve à cette adresse-ci. Je m’en suis voulu.

    Les appliques se vendent à la boutique Le Naturaliste à place de la Cité à Québec. 10$ la feuille, quelque chose comme ça, qui contient trois appliques d’oiseaux. Si vous y passez, amenez votre petit-fils, c’est une boutique qu’il va beaucoup aimer. Et on ne cherche absolument pas à faire de la vente sous pression à cet endroit.

    11 mai 2014
  5. Esther #

    Grand merci de cette longue réponse et ses explications très pertinentes. J’ai bien remarqué, en suivant votre lien de publication, de quelles appliques vous parlez. Soyez assuré que je vais m’en procurer et le plus tôt possible. Finie l’hécatombe…

    11 mai 2014
  6. Jean Provencher #

    Merci à Vous, chère Vous. Belle soirée.

    11 mai 2014
  7. Esther #

    La mort dans l’âme, je viens de porter en terre, à côté de son petit frère d’hier, un second bruant à gorge blanche, entré cette fois dans le garage attenant à la maison… Il a pris peur quand j’ai ouvert la porte de la cuisine, s’est lancé sans regarder et puis… Misère de misère. La porte est pourtant si grande pour entrer et sortir sans problème… J’ai le coeur dans la flotte ! Quel est donc ce printemps étrange qui apporte à la fois tant de merveilles et de douleurs ?

    12 mai 2014
  8. Jean Provencher #

    Je suis avec Vous. Il y a de ces moments étranges soudain qui nous chavirent le cœur. Je Vous comprends tout à fait. Je suis avec Vous.

    12 mai 2014
  9. Marie-Claude Parker #

    Quand j’étais petite fille a Trois-Rivières, on écoutait le chant de cet oiseau comme étant « Je t’ai vu, Fréderic, Fréderic, Fréderic! » Ici en Colombie Britannique j’ai entendu ce chant qu’une fois seulement, en campagne, cela m’a beaucoup émouvée.

    Je faisais une recherche pour le type d’oiseau qui fait ce chant, merci beaucoup pour l’information.

    7 mars 2019
  10. Jean Provencher #

    Merci beaucoup de votre commentaire, chère Madame Parker. Je comprends votre émotion. Par bonheur, nous avons parfois conservé de notre enfance des souvenirs qui peuvent être, justement, le chant d’un oiseau, le parfum d’une fleur, un morceau de musique même court, le regard plein de chaleur d’une personne, etc. Et soudain ils remontent à la surface nous touchant, dirait-on, au fond du cœur. Merci encore de votre mot.

    J’aimerais tant que nous partagions ensemble des moments semblables. Dans mon cas, ce fut le parfum odorant d’une fleur, l’Alysson blanche, qui bordait les deux côtés d’un long trottoir qui menait à l’entrée à mon école primaire, que j’ai fréquentée de 6 à 8 ans. Et, depuis, à chaque fois, que le parfum de cette fleur se présente, mes trois premières années du primaire et leur bonheur me reviennent. Une bouffée d’émotion immanquable.

    7 mars 2019

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