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Projet d’un pont-tunnel entre Longueuil et Montréal en 1880

Un Américain habitant New-York, Anthony Ralph, peut-être ingénieur, écrit à La Patrie le 17 avril 1880. Il revient sur son projet de tunnel entre Longueuil et Hochelaga, «que je persiste à croire possible et même indispensable à la prospérité matérielle de Montréal, et qui sera, j’y compte, une des gloires du Canada français».

Le chiffre de 5,000 pieds comme longueur totale du tube me paraît insuffisant, car si j’en crois mes souvenirs et mes cartes, le Saint-Laurent, en face d’Hochelaga, mesure à peu près cette distance; or, puisque les deux extrémités du tunnel émergeront du sol à 1,000 pieds de la rive, c’est donc 8,000 pieds qu’il me faut.

Si 15 pieds de diamètre sont suffisants pour donner passage à toutes sortes de véhicules, la superficie totale des parois du tunnel sera environ de 400,000 pieds. À une demi piastre par pied, cela fait $200,000.

Pour percer un trou aussi large et aussi profond, pour extraire du sol une pareille masse, sous un fleuve comme le Saint-Laurent, les vieux procédés du travail manuel sont insuffisants. Des machines puissantes, mues par la vapeur, devront frapper, mordre, entailler le sol sans relâche. Des pompes formidables devront aussi être établies des deux côtés du tunnel pour aspirer l’eau qui se rencontrera dans les gisements sous-marins et, par la même occasion, elles enverront une grande quantité, aux travailleurs qui creuseront la galerie, de l’air dont ils auront le plus grand besoin. […]

Après une étude plus approfondie, je trouve que pour loger toute cette maçonnerie et la charpente qui la protégera, il faudra déplacer deux millions et demi de pieds cubes de terre.

Si je suis bien informé, je pense que le lit du fleuve se prêtera à merveille à cette opération. Il est tout à fait probable qu’il ne contient aucune masse rocheuse considérable. En examinant de près le rivage et les berges argileuses de l’île Sainte-Hélène, on en est à peu près sûr.

Néanmoins, il sera nécessaire de faire précéder les travaux du tunnel par des sondages multipliés et intelligents.

Car tout dépend de la nature du sol; si par malheur on devait rencontrer des masses granitiques, la dépense serait quadruplée. J’espère qu’on n’aura pas à faire jouer la mine et que la pelle et la pioche de nos braves et robustes canadiens auront raison de toutes les difficultés, quelles qu’elles soient. […]

Si les capitalistes avaient ma foi, le tunnel serait fait dans deux ans.

Tout le monde sait qu’il existe un tunnel de ce genre à Londres sous la Tamise. Donc la question n’est pas de savoir si ce travail est possible. Ce qu’un Français autrefois a fait en Angleterre, un autre Français du Canada peut le faire sous le Saint-Laurent à Hochelaga.

L’important est de ne pas exagérer la dépense, de faire un travail solide et véritablement utile.

On peut s’attendre, si ce projet est mis à exécution, que Longueuil, Hochelaga et Montréal fournissent à cette œuvre commune une très large subvention. […] J’envoie ci-joint un dessin qui rendra compréhensible le projet étrange que j’ai conçu et que d’autres exécuteront.

Que Dieu protège le tunnel d’Hochelaga et Longueuil !

 

Source : La Patrie, 28 avril 1880

Le pont-tunnel Louis-Hippolyte-LaFontaine sera réalisé par la firme Janin Construction à la fin des années 1950 et au début des années 1960. L’illustration de l’entrée nord du pont provient de la page Wikipédia qui lui est consacrée.

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