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Étrange de voir où parfois la vie nous mène

Je suis à traverser les pages de la Gazette de Joliette en ce moment, un hebdo paru de 1866 à 1895. Trois jours après le scrutin que nous venons de connaître au Québec, voilà que je tombe en page 2 de l’hebdomadaire du 10 avril 1890, dans la colonne de gauche que l’on appellerait aujourd’hui l’espace éditoriale, je tombe, dis-je, sur un texte signé F. A. B., «L’avenir du Canada».

 

L’état d’agitation dans lequel se trouve aujourd’hui plusieurs parties de la Confédération canadienne, par suite de l’opposition de certains Anglais à tout ce qui est français et catholique, en porte plusieurs à se demander quel sera notre avenir national.

Monsieur Laurier a répondu, le 17 février dernier, dans son discours sur le bill McCarthy : «L’avenir du Canada est d’être anglais.»

Monsieur Tarte nous dit, lui, que le salut est dans la fédération impériale.

Une voix compétente et sympathique des États-Unis nous crie : «Malheur à vous si jamais vous vous annexez aux États-Unis.»

M. Tardivel dit à son tour : «Avons-nous vécu pendant deux siècles et demi une vie nationale et qui tient vraiment du miracle ? Avons-nous été arrachés vingt fois de la destruction par la main de la Providence ? Avons-nous surmonté mille obstacles, grandi au milieu de mille difficultés, réparé mille désastres pour périr misérablement aujourd’hui ?»

M. l’abbé Gosselin, rédacteur de la Semaine religieuse de Québec, après avoir parlé de la guerre que l’on fait à l’élément français et catholique, ajoute : «Si les Canadiens français n’ont pas assez de patriotisme pour oublier leurs divisions et se ranger sous le même drapeau, lorsque leurs libertés les plus chères sont menacées; s’ils n’ont plus d’hommes de la trempe de ceux qui ont fait les luttes glorieuses du passé; s’ils n’ont plus en eux-mêmes cette foi qui ne connaît pas d’obstacles, il faut renoncer à la mission que la Providence semble pourtant leur avoir assignée sur ce coin de terre. S’ils succombent, ils auront été eux-mêmes, plus que les assaillants, les artisans de leur défaite. »

Ce qui est certain, c’est que le peuple canadien-français a une mission spéciale à remplir : la conduite de Dieu sur nous, dans le passé, en fait preuve,

Cette mission spéciale, c’est de propager la foi dans l’Amérique du Nord. Cette mission suppose des éléments qui pour se former veulent la paix et non l’antagonisme perpétuel.

Selon toute apparence, la paix ne peut régner longtemps dans la Confédération. Il faudra donc en venir à la séparation.

La population française laissée à ses propres forces peut-elle vivre ? Pourquoi pas ? Les Français du Canada sont pleins de force et de vitalité; ils sont actifs et intelligents; ils sont géographiquement indépendants ! La Province de Québec est fertile, riche de promesses industrielles, salubre; elle est de plus catholique. Que faut-il encore ?

Il faut encore l’union. Ce ne sont pas les hommes qui nous font défaut, nous en avons plus que les Anglais. Notre malheur est que nous sommes trop divisés.

L’avenir est dans la génération qui pousse et toute espérance n’est pas perdue, bien que le mal soit profondément enraciné.

 

Étrange hasard, dirait-on. Et mélange fort étonnant de très ancien, très passé date, et de fort actuel dans ce discours.

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