Au Québec en 1837-1838, contre l’évêque Lartigue, des prêtres appuient les Patriotes
Il est finalement incroyable de voir tout ce qui se trouve dans la presse québécoise de 1900. Ainsi, on constate d’abord que les événements de 1837-1838 ne veulent pas mourir. Bien plus, alors que l’évêque de Montréal Jean-Jacques Lartigue appuie les décisions de la Cour martiale, condamnant 12 Patriotes à la pendaison et plusieurs dizaines à l’exil au bout du monde, de simples prêtres, eux, sont tout à fait sympathiques aux Patriotes. Sous le titre «La voix d’un Patriote. François Trépanier répond à son curé», le quotidien La Patrie du 28 mars 1893, à travers une lettre lui parvenant du Minnesota, propose un tout nouvel éclairage sur les faits et gestes des représentants de la religion catholique dans la région de Montréal. Document à ma connaissance inédit. Et incroyable.
L’Œil de Minneapolis, Minn., publie une lettre intéressante de M. François Trépanier, un vieux patriote de 1837, et nous en détachons les extraits suivants :
« Le Rvd Père Soumis, dimanche le 5 mars, en entretenant ses paroissiens sur les sociétés, s’est permis indiscrètement de faire des réflexions injustes, et qui n’avaient nulle raison d’être, sur les braves défenseurs et patriotes de 1837 et 38.
Ce mouvement, dit-il, a été condamné par tout le clergé, à l’exception d’un seul membre. Cette assertion fausse ne peut être soutenue par celui qui l’a avancée. Je connais, par ma propre expérience, les amis et les ennemis de ce grand mouvement populaire parmi le clergé du Canada, surtout dans le diocèse de Montréal.
Le plus grand ennemi des patriotes de ces temps mémorables était l’évêque Lartigue, de Montréal, grand favori du torysme Anglais. Il n’a pas rougi de sanctionner la cruelle cour martiale, composée d’Anglais, qui a condamné à la potence douze de ses plus braves ouailles, et qui en conduisit soixante-dix à l’exil. Il avait fermé la bouche des prêtres de son diocèse, en tout ce qui concernait la cause patriotique et sacrée de sa patrie qu’il foulait à ses pieds avec un certain nombre des membres de son clergé, favorisant, par là, le plus grand ennemi des Canadiens-français, le tory Anglais.
Malgré les efforts inouïs de l’évêque Lartigue pour retenir le clergé sous les bannières fortes, les patriotes avaient un bon nombre d’amis dévoués, de cœur et d’action, parmi les membres du clergé du diocèse de Montréal : entre autres, ce digne prélat, Mgr Bourget, son évêque coadjuteur, que l’on surnommait Le grand consolateur des patriotes; le Rév. Quintal, de Beauharnois, fervent patriote; le Rév. Joseph Crevier, de Lacadie; Rév. Turcotte, fait prisonnier; le Rév. Phalen et d’autres dont les noms m’échappent.
Il est un fait bien connu : c’est que l’évêque Lartigue n’a survécu que quelques mois après cette malheureuse affaire; le chagrin et le regret ont été la cause principale de sa mort.
Le jeunesse canadienne ne saurait trop être éclairée sur ce grand mouvement de 1837-38, dont le but n’était autre chose que : La conservation de notre langue, notre foi, nos mœurs, nos institutions et nos droits. »
Précédemment, des historiens avaient déjà précisé cette position de Lartigue, mais à ma connaissance jamais ne l’avait-on opposée à celle de prêtres de son diocèse aussi clairement identifiés qu’ici.
L’illustration provient de la page de celui qui signe Lartiste.