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«Albani»

Voilà près de deux ans, nous avions consacré un article à la grande cantatrice québécoise Emma Albani, née Lajeunesse. Elle venait alors chanter en pleine tempête de neige, le 11 mars 1901, au Château Frontenac, à Québec.

En janvier 1889, alors qu’elle est au sommet de sa carrière, la rumeur veut qu’elle se produise durant l’année à Québec. Sous le simple titre d’«Albani», le quotidien Le Canadien offre à ses lecteurs cette biographie, le 21 janvier 1889.

ALBANI (Marie Emma Lajeunesse dite,) est née à Chambly, près Montréal (Canada), en 1851. C’est à Montréal même, où son père, professeur de musique, se fixa ensuite, qu’elle commença, sous la direction de celui-ci, son éducation artistique.

On assure, ce qui est peut-être beaucoup dire, que dès l’âge de dix ans elle déchiffrait aisément, sur la harpe ou sur le piano, les partitions des grands maîtres des écoles italiennes, françaises ou allemandes. Ce qui est certain, c’est que de bonne heure elle fut habile musicienne et cultiva sa voix avec assiduité. À quinze ans, pensionnaire au Sacré-Cœur de Montréal, elle manifesta la résolution d’entrer en religion; des conseils amis la détournèrent de cette pensée.

C’est alors que son père, devenu veuf, alla s’établir à Albany, capitale de l’État de New-York, avec ses enfants; la jeune Emma trouva un protecteur dévoué dans la personne de Mgr Conroy, évêque de cette ville, qui tout d’abord lui donna place dans le personnel chantant de sa cathédrale, où elle remporta ses premiers succès.

«Les juvéniles accents de cette voix fraîche et mélodieuse, a dit un biographe, attiraient dans l’enceinte de l’église métropolitaine une foule qui devenait chaque dimanche plus compacte. Tout le monde, catholiques et protestants, voulait entendre les harmonieux accords de celle que l’on n’appelait plus que la petite fauvette canadienne

Mais l’évêque lui-même comprit que là n’était pas l’avenir de la mignonne cantatrice, et il engagea vivement son père à la conduire en Europe, où seulement elle pourrait trouver les maîtres nécessaires au perfectionnement de son éducation musicale.

Mais la famille n’était pas riche, et toutes ses ressources fussent restées insuffisantes à subvenir aux frais d’un tel voyage. Qu’à cela ne tienne ! l’enfant était adorée dans cette petite ville d’Albany, qui s’intéressait tout entière à son avenir; on organise à son bénéfice un  concert brillant, dont elle fait, cela va sans dire, l’ornement principal, et le produit de ce concert permet au père et à la fille de s’embarquer pour l’Europe et de venir jusqu’en France.

Ils arrivent droit à Paris et vont aussitôt frapper à la porte de M. Duprez, le célèbre chanteur, qui pendant une année donne ses soins à la jeune fille et lui conseille ensuite d’aller trouver M. Lamperti, le fameux professeur de Milan. Muni d’une lettre de M. Duprez, nos deux voyageurs partent en effet pour Milan, où ils sont accueillis à souhaits par M. Lamperti […]

Mlle Albany alla faire une apparition à la Pergola de Florence. Puis elle se fit entendre au théâtre italien de Londres, le 2 avril 1872; au mois d’octobre de la même année, elle se produisait sur la scène italienne de Paris, où elle était reçue assez froidement.

Elle comprit qu’elle avait besoin de travailler encore, et alla se remettre pendant quelque temps sous la direction de M. Lamperti, après quoi elle retourna à Londres où le public lui fit un accueil chaleureux. De là, elle se rendit à Saint-Pétersbourg, où on lui fit de véritables ovations, puis à New-York, où des mélomanes enthousiastes voulurent la porter en triomphe.

En 1877, elle revint à Paris, et son succès y fut beaucoup plus considérable que précédemment, bien que les critiques sévères fussent d’avis que son habileté de virtuose et son sentiment dramatique n’égalaient pas la beauté et la pureté de sa voix. Depuis lors, Mlle Albani est retournée de nouveau en Italie et en Amérique, s’est fait entendre à Bruxelles et dans d’autres capitales, et presque partout a trouvé d’éclatants succès.

Les Anglais surtout se montrèrent admirateurs de son talent, et lui décernent chaque année, pendant la saison du théâtre du Covent Garden, des triomphes qui peuvent paraître excessifs, et que le public de la Scala, de Milan, est fort loin de lui avoir prodigués.

En 1878, Mlle Albani a épousé M. Ernest Gye, fils du célèbre directeur de ce nom et qui a succédé à son père comme manager du théâtre du Covent Garden.

 

Le buste d’Emma Albani en marbre de Carrare est un don de son fils, Ernest Gye, au Musée du Québec. La photographie fut prise en 1950 par Neuville Bazin. On retrouve cette image à Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7m SS1, P75040.

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